Maria, la veuve du vétéran de guerre Vladimir Katriuk, se porte bien malgré la perte de son grand amour survenue le 22 mai dernier à l’Hôpital Barrie Memorial d’Ormstown.

Le Journal a rencontré la dame âgée de 88 ans à son nouveau domicile de Vaudreuil-Dorion, mercredi, et la Française d’origine a fait preuve d’une étonnante force intérieure. Femme de caractère et encore solide comme le roc, Maria Stéphanie Katriuk née Kayun démontre une volonté inébranlable de surmonter l’épreuve qui vient de l’attrister.

Séparée de celui qui a été l’homme de sa vie pendant près de 70 ans, la femme de souche ukrainienne se dit capable de composer avec la nouvelle réalité. «Ce n’est facile, je sens sa présence et Vladimir demeure avec moi en pensée mais il faut se rendre à l’évidence. Ma vie a changé et je ne peux plus rien faire. Je dois aller de l’avant et profiter du reste de mes jours», a exprimé Maria.

Sonyja Hart, la petite-fille adoptive du couple, était rassurée de voir la dame endeuillée dans un tel état d’esprit. «Elle va beaucoup mieux. Quand son mari a subi un ACV et dans les jours suivant son décès, Maria était anxieuse. C’était un peu inquiétant», a relaté la résidante d’Ormstown, qui a facilité une première approche pour Le Journal auprès de Mme Katriuk.

Pour l’auteur de ces lignes, l’article découlant de cette entrevue ne pouvait être coiffé d’un titre aussi approprié que «Ave Maria» ou dans la langue de Molière, «Je vous salue Marie». Surtout que cette femme croyante manifeste sans réserve sa foi envers la religion catholique. L’honnêteté et la franchise de Maria Katriuk n’ont jamais fait de doute lors de l’interview. Sa spontanéité rafraîchissante, son sourire espiègle et son sens de l’humour lui confèrent une personnalité attachante.

L’octogénaire a vite détendu l’atmosphère en lançant à la blague «Eh, ça paye combien être mannequin?», après avoir accepté d’être prise en photo par le représentant du Journal. Plus sérieusement, Maria arborait une mine réjouie en lisait les articles publiés dans «Le Saint-François» et relatant les faits sur la vie de son époux. «Enfin, c’est la vérité qui sort», a-t-elle attesté.

Son franc-parler étant l’un de ses principaux traits de caractère, Maria n’a pas hésité à faire des commentaires sur les circonstances entourant le décès de mari. «La dernière fois était de trop. Les Russes ont voulu traquer Vladimir pour des raisons politiques. Ils ont demandé son extradition parce que le Canada appuie l’Ukraine dans son récent combat avec le Russie», affirme Mme Katriuk, corroborant les faits avancés par Le Journal dans son édition du 23 juin.

Maria Katriuk est soulagée que l’interminable saga liée à la possible déportation de son homme soit terminée. «C’était assez. Lors du dernier épisode où le ministère canadien de l’Immigration a finalement laissé tomber les charges, en 2007, les frais d’avocat se sont élevés à 100 000 $», a-t-elle révélé. Quant à la récente tentative des Russes de vouloir retracer l’homme de 93 ans, l’avocat du couple, Me Orest Rudzik a tout simplement recommandé à Mme Katriuk de ne pas se laisser opportuner et de ne pas s’en occuper.

Sonyja Hart, pour sa part, se donne comme objectif de faire en sorte que Vladimir Katriuk reçoive un traitement juste dans les annales de l’histoire. «Je ferai tout pour qu’on se souvienne de lui comme un héros et qu’il repose en paix», a-t-elle promis.

«Je suis bien ici au centre pour personnes âgées à Dorion. De mon balcon, j’ai une vue superbe sur la rivière des Outaouais qui rejoint le lac des Deux-Montagnes.»

– Maria Katriuk