Autrefois, il était d’usage que les policiers municipaux assument également les fonctions de pompier. À Salaberry-de-Valleyfield, Denis Boucher est considéré comme « le dernier des Mohicans » à avoir occupé cette double fonction.
Le dernier policier-pompier arrive à l’âge de la retraite, une étape que le Service de sécurité-incendie (SSI) a soulignée, le jeudi 18 décembre à la caserne Paul-Marleau de la rue Fabre, en présence d’élus, d’amis et membres du SSI.
Denis Boucher a été embauché au Service de police de Valleyfield en 1984, après avoir débuté sa carrière quatre ans plus tôt, à sa sortie de l’École de police, comme enquêteur au sein d’une compagnie d’assurance.
À cette époque, les policiers patrouilleurs pouvaient tout aussi bien être appelés pour intervenir sur un incendie. « Ça m’est arrivé souvent, dit-il. C’était archaïque comme système. En dehors de nos heures de patrouille on n‘avait même pas de pagette. Lors d’un incendie, on devait nous contacter par téléphone. Si on n’avait pas de téléphone à proximité, ça pouvait être long avant de rejoindre tout le monde. »

Le métier de pompier n’était pas encadré comme il l’est aujourd’hui. « L’officier en poste conduisait le camion, opérait la pompe et dirigeait les opérations pendant que les pompiers étaient à l’œuvre pour circonscrire le feu. »
Aussi, Denis Boucher admet avoir appris sur le tas dans ses premières années. « Quelqu’un me disait de tenir la hose (boyau d’incendie), alors je tenais la hose ». Il a toutefois suivi plus tard, et à ses frais, sa formation à l’Académie des pompiers de Mirabel, tout en comptant sur les conseils de mentors comme Jules Paré et Richard Rochefort.
Des policiers et des pompiers
Ce cumul des fonctions a disparu progressivement avec la mise en place de la Sûreté Régionale des Riverains en 1998 et celle du Service de sécurité-incendie en 2000.
Plus tard, devenu policier à la Sûreté du Québec, d’où il est retraité depuis deux ans, Denis Boucher est demeuré pompier à temps partiel jusqu’à ce jour, bien que sa santé l’ait éloigné des opérations depuis quelques années. Il assure une présence sur les lieux d’incendie pour voir au bien-être des sapeurs.
Il garde néanmoins le souvenir de certaines interventions, dont l’incendie d’un immeuble à logements de la rue Murphy, celui de la Cage aux Sports ou encore, au même endroit, celui de l’ancien supermarché Spot.
Un grand collectionneur
Denis Boucher est par ailleurs reconnu pour sa passion pour le patrimoine pompiers. En fin connaisseur, il possède des centaines d’artéfacts, équipements, vêtements et même deux camions de pompiers datant de 1932 et 1941 respectivement.
« Certains articles sont désuets, mais d’autres pourraient toujours servir, assure-t-il. Une hache de 1917 est aussi efficace qu’une autre des années 2000. »
Son rêve serait de voir la mise en place d’un musée des pompiers; un projet pour lequel la retraite lui laissera beaucoup de temps.

