21e Nuit des sans-abri à Salaberry-de-Valleyfield le 17 octobre
Le 17 octobre se déroulera la 21e Nuit des sans-abri à Salaberry-de-Valleyfield. Un phénomène autrefois discret, mais désormais plus visible. Mais une réalité à laquelle la communauté est de plus en plus sensibilisée, jugent les organisateurs.
«Il y a 21 ans, on était 3-4 personnes autour d’un feu au Café des 2 Pains, se commémorait Louis-Philippe Boucher, spécialiste des activités cliniques au Centre intégré de santé et services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO). L’an dernier, il y avait 800 personnes. On voit qu’il y a une sensibilisation populationnelle. L’événement est aussi intégré dans le programme d’éducation spécialisée au Cégep. »
Au-delà de l’événement, les organismes concernés ont uni leurs efforts. Jonathan Nadon, coordonnateur clinique chez Pacte de rue a reconnu que la concertation mise en place amenait les différents partenaires à pousser leurs façons de faire plus loin.
L’approche clinique préconisée à la Maison d’hébergement et dépannage Valleyfield (MHDV) évolue aussi. «Parce que les situations deviennent plus complexes, a indiqué sa directrice générale, Marilou Carrier. Ce n’est pas juste de trouver un petit appart ou une petite job; il faut aller dans les traumas.»
Au fil des ans, une table de concertation sur le sujet a été mise en place. On retrouve aussi L’Antichambre 12-17 – hébergement jeunesse du Suroît, un refuge à haut seuil critique et une halte, devenue permanente, qui sont venus s’ajouter aux services.
Des chiffres qui parlent
La halte a accueilli près de 500 personnes différentes pour 4000 visites dans la dernière année. Des gens sans abri, mais aussi des personnes isolées, dépourvues de réseau.
Quant au refuge, jusqu’à présent dans l’année financière, les 149 nuits ont affiché un tôt d’occupation de 100%.
«Ce n’est pas parce qu’il y a plus de services qu’il y a plus de pauvreté; c’est parce qu’il y a plus de pauvreté que nos services sont devenus essentiels», a plaidé Mme Carrier invitant les citoyens à tendre la main plutôt que détourner le regard.
La prévention
L’itinérance est une réalité bien ancrée qui ne ralentit pas. La Nuit des sans-abri permet d’exposer le phénomène pour mieux le comprendre. Les concepts d’acceptabilité sociale et de cohabitation sont mis de l’avant lors de cet événement.
C’est aussi une nuit pour rappeler les efforts réalisés sur le territoire. «Notre mission est de prévenir l’itinérance à la source, a affirmé Chantal Lizotte, directrice générale de L’Antichambre 12-17 – hébergement jeunesse du Suroît. On offre un toit, de l’écoute et du soutien. L’itinérance se prépare souvent avant de se retrouver à la rue.»
La perte d’un emploi, une rupture amoureuse ou la maladie peuvent mener à l’itinérance. Mme Lizotte avoue que son organisme a recueilli plusieurs jeunes qui ont attenté à leur vie. La mission est de les stabiliser et les amener à croire qu’un avenir meilleur est possible.
Elle a aussi rappelé que chaque montant investi en prévention permet de réduire les coûts élevés associés à l’itinérance en santé ou en justice.
Changement de lieu
La Nuit des sans-abri se déroulera au site du marché public/terminus dans le quartier nord.
Toujours dans une atmosphère de vigie de solidarité, d’accueil, de partage et d’entraide, mentionne M. Nadon. «C’est un rappel de solidarité qu’ensemble, en tant que société, on peut agir.»
Des kiosques qui offriront nourriture et breuvages chauds, des vêtements ou des produits d’hygiène seront sur place.
Le changement de site s’explique par différents événements violents qui sont survenus au parc Salaberry. Le maire Miguel Lemieux soutient qu’il ne faut pas mêler itinérance et sécurité.
«Les réseaux sociaux ont tendance à amplifier certains phénomènes, a-t-il plaidé. Il est vrai qu’il y a eu une situation cet été et une opération policière il y a quelques jours. Les arrestations clefs ont été faites. Mais on travaille avec un consultant pour épauler le milieu.»
Des modifications aux mobiliers urbains et la diffusion de musique pourraient s’ajouter et rétablir le sentiment de sécurité pour que les citoyens se réapproprient le parc emblématique au cœur du centre-ville.
Louis-Philippe Boucher assure que la sensibilisation en ce sens est également dirigée vers les personnes en situation d’itinérance. «On doit les amener à agir selon les normes acceptables et la cohabitation.»
Toujours sur le sentiment de sécurité, la concertation a permis d’agir promptement avec les campements de tentes qui poussaient dans la Ville.
«Le nombre de plaintes a fondu, assure M. Lemieux. Le milieu a eu une approche audacieuse. Quand un campement apparaît, c’est très court en raison de notre stratégie mise en place. On n’est pas sorti de l’auberge, mais la situation s’est grandement améliorée.»

L’organisation de la Nuit des sans-abri est le fruit du travail commun entre divers organismes, le CISSSMO et la Ville. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)
