Malgré que 25 000 transports de matières dangereuses sont effectués annuellement sur le territoire de Salaberry-de-Valleyfield, il est peu probable que l’on puisse connaître un épisode douloureux comme celui de Lac-Mégantic.

Alors que l’on s’apprête à souligner les six ans du tragique accident de Mégantic, le Journal Saint-François a rencontré l’auteur d’une étude sur le transport de matières dangereuses via les accès de la Ville.

« Quand la tragédie de Mégantic est arrivée, le Ville voulait faire le point sur la situation ici. J’ai offert à Salaberry-de-Valleyfield de faire l’étude et je l’ai amorcée en 2016 », explique Robert Larivière, un citoyen qui a effectué son travail de moine en plusieurs mois.

La Ville avait déjà mis sur pied le Comité mixte municipal industriel (CMMI) afin d’identifier et d’analyser les risques et les conséquences d’accidents industriels majeurs pouvant intervenir sur son territoire. La démarche ne concernait toutefois que les sites et non le transport. « La Ville désirait alors faire l’inventaire de la situation du transport routier et ferroviaire sur son territoire. Le tout, concernant les intrants et extrants des entreprises et les transports en transit. L’étude visait à déterminer s’il y a lieu d’initier de nouvelles analyses de risque ou non », lance celui qui fait déjà partie du CMMI depuis 14 ans.

Vaste et essentielle enquête

Robert Larivière, détenteur d’une maîtrise en relations industrielles de l’université Laval a donc décidé de joindre les dirigeants de nombreuses entreprises de la région. Plus d’une douzaine au total.

Celles-ci ont accepté de collaborer. « Sauf pour dévoiler les substances qui auraient pu servir à leurs concurrents. Celles-ci ne doivent pas être dévoilées », dit l’homme à la retraite, fort occupé.

De nombreux autres organismes ont aussi répondu aux demandes de Robert Larivière. Transports Canada, Transports Québec, la Commission de la sécurité nucléaire, Railway Association Canada, de même que Louis Paiement. « Il est spécialiste pour Transports Canada. Il m’a accordé de nombreuses entrevues afin de me familiariser avec les lois et règlements du transport de matières dangereuses. »

Ainsi, 25 000 transports de matières dangereuses sont effectués dans Salaberry-de-Valleyfield. De ce nombre, 34 % le sont en wagons et 66 % en camions. Parmi les substances qui transitent par la région ou qui se trouvent dans les cours des usines, on retrouve 26,8 % de liquides ou matières inflammables, 50 % de matières corrosives, comme des acides, 10, 8 % de gaz, comprimés, liquéfiés ou dissous, ainsi que cinq ou six autres matières dangereuses comme des substances comburantes ou toxiques. « Plus de 91 % des expéditions sont composées d’acide sulfurique, de gaz de pétrole liquéfié, de chlorate de sodium, de soufre fondu, d’hydroxyde de sodium, de chlore, de styrène monomètre stabilisé, d’acide chlorhydrique et d’éthanol. Les autres incluent de nombreux produits représentant moins de 1 % du total », lance Robert Larivière.

Et des conclusions encourageantes

L’étude a permis d’obtenir des chiffres passablement précis sur les quantités de camions et wagons évoluant dans le transport de matières dangereuses circulant sur le territoire.

« Même si nous ne sommes pas à l’abri d’un accident en transport de matières dangereuses comme celui du boulevard Métropolitain, les conditions ne semblent pas réunies pour vivre ce que Lac-Mégantic a vécu. Il n’y a pas de dénivellations suffisantes, les nouveaux règlements sont plus sévères et il n’y a pas de pétrole qui circule par train. Le but de l’étude était de fournir les informations de base. Nous savons maintenant que le nombre annuel est de 25 000. Sachant qu’on ne peut éliminer le transport de matières dangereuses parce que les industries ne pourraient survivre, il faut faire avec. Il reste à décider, à la lumière de l’étude, s’il y a lieu d’aller plus loin en analyses de risques et mesures d’urgence. La réponse appartient aux autorités et au CMMI », conclut celui qui a fourni d’importants documents au Service de sécurité incendie de Valleyfield. Ceux-ci pourront s’en servir pour intervenir plus prudemment à certains endroits.