Celui qui a attenté à sa vie espère une libération conditionnelle

Le 17 août 2014, Robert de L’Étoile a poignardé à cinq reprises son ex-conjointe, Maryse Filion, à la halte routière de Rivière-Beaudette. La femme s’en est miraculeusement tirée. Celui qui avait été qualifié de «meurtrier chanceux» lors de son procès, a fait une demande de libération conditionnelle après le tiers de sa peine. Ce qui fait craindre le pire à sa victime.

La dame qui a dû prendre une retraite prématurée de l’enseignement vit toujours avec des conséquences de cette attaque. «Je suis confrontée à la douleur jour et nuit, a-t-elle laissé savoir lors de l’audience de la Commission des libérations conditionnelles. Je vis avec la peur, l’anxiété, la panique et l’insécurité.»

Ses cicatrices ne sont pas toutes visibles. La perte de sa rate, une conséquence de l’agression armée, fragilise sa santé.

Mais de savoir Robert de L’Étoile en milieu carcéral la rassure. «Pour l’instant, je vis en sécurité», a répété Maryse Filion, une phrase qui fait écho à sa déclaration faite lors du procès «Pour l’instant, je suis en vie.»

Sentence de 24 ans

Robert de l’Étoile, 70 ans, a avoué être nerveux et fatigué au moment où il s’est présenté devant les commissaires mardi matin.

Depuis 2017, il est en prison. Outre la tentative de meurtre envers Mme Filion, l’ancien ambulancier a aussi menacé une camionneuse et attenté à la vie de deux policiers alors qu’il était en liberté conditionnelle.

Au sujet de l’agression sur son ex-conjointe, il a dit : «J’ai pété une coche. J’ai accumulé. Je n’étais plus là. J’ai perdu la tête, ce n’était plus vraiment moi.»

Il a fini par avouer se sentir un peu jaloux en plus de pouvoir être contrôlant.

Quant à l’accident de voiture qu’il a provoqué sur l’autoroute 117 et qui a engendré des blessures à deux policiers en 2015, il a mentionné vouloir mourir à ce moment-là. Il ne voulait pas retourner en prison, lui qui avait purgé une peine dans les années 70.

Selon ce qui a été entendu par son agente de libération conditionnelle, des rapports soutiennent qu’il présente une difficulté d’introspection et qu’il se voit en victime.

L’accusé a suivi quelques programmations depuis son incarcération. Sur la gestion des émotions et du comportement. Malgré les bienfaits, il lui a été suggéré d’en poursuivre une nouvelle pour le maintien des acquis. Sans refuser cette avenue, il prétend néanmoins détenir assez d’acquis pour justifier un retour en communauté.

Questionné par les commissaires, Robert de l’Étoile a eu de la difficulté à exprimer les facteurs de risque de récidive.
«C’est sûr que ce que j’ai fait, je sais que ce n’est pas correct, a-t-il lâché. Je n’ai pas l’intention de refaire du mal à personne.»

Plan de sortie

L’accusé aimerait qu’on lui accorde une semi-liberté après avoir purgé le tiers de sa peine. En maison de transition à Laval ou Sherbrooke. Ce qui lui permettrait notamment de renouer des liens avec des membres de sa famille.

Me Sylvie Bordelais, qui l’accompagnait dans sa démarche à la commission, affirme qu’il est rendu à cette étape de sa réhabilitation.

«C’est un individu qui, une fois qu’il a dépassé son propre trauma, a cherché à se responsabiliser et comprendre, a-t-elle dit. Il ne pourra jamais annuler toute la souffrance qu’il a causée. Mais on vit dans une société où les gens peuvent changer.»

Les commissaires ont pris leur décision en délibéré. Ils ont indiqué qu’elle serait transmise au plus tard dans 15 jours.