Le Québec vivait un épisode démocratique marquant il y a 30 ans, le 30 octobre 1995, à l’occasion d’un second referendum sur la souveraineté, une option qui a obtenu une majorité d’appuis dans l’ancien comté de Salaberry-Soulanges.
Cette victoire locale du camp du Oui avait toutefois été éclipsée par celle du Non à l’échelle provinciale.
La carte électorale de 1995 regroupait dans la circonscription de Salaberry-Soulanges, représentée par le péquiste Serge Deslières, les territoires de Salaberry-de-Valleyfield, Grande-Ile, Saint-Timothée, Saint-Louis-de-Gonzague, Saint-Stanislas-de-Kostka, Melocheville, de même que 10 municipalités de Soulanges, de Rivière-Beaudette à Pointe-des-Cascades. Un total de 48 200 électeurs étaient inscrits sur la liste électorale.
Comme partout au pays, la campagne référendaire de 1995 avait soulevé les passions dans la région. Le camp du Oui était présidé par l’artiste Bernard Séguin-Poirier et Sr Thérèse Soucy, alors que les ténors du Non comprenaient les anciens députés fédéraux Jean-Guy Hudon et Gérald Laniel, de même que l’ancien maire de Salaberry-de-Valleyfield, Raphaël-Barrette.
Le soir du 30 octobre, les partisans des deux factions étaient réunis dans leurs locaux respectifs pour assister au dévoilement des résultats. On constatait toutefois une plus grande effervescence dans le camp souverainiste, qui avait mené une campagne plus visible.
Les reportages des journaux locaux de l’époque rapportent néanmoins que cette effervescence a vite laissé place à l’amertume au fur et à mesure que les résultats apparaissaient et allaient culminer par le verdict de l’animateur Bernard Derome donnant la victoire du Non.
La soirée avait aussi été marquée par une panne touchant quelque 400 abonnés du câble de Valleyfield Transvision dans l’ouest de Valleyfield.
Le Oui à 56%
À la lumière des résultats, l’option du Oui avait obtenu l’appui de 56% des électeurs de Salaberry-Soulanges, avec des majorités dans toutes les municipalités, à l’exception de Rivière-Beaudette.
Tel le village gaulois d’Astérix, Salaberry-Soulanges avait été le seul en faveur du Oui au sud-ouest de Montréal, alors que le Non l’avait remporté tant dans Vaudreuil que dans Beauharnois-Huntingdon et Châteauguay.
Le député Serge Deslières avait parlé d’une «triste journée… un revers difficile à accepter», déplorant les manœuvres du camp fédéraliste, notamment pour accorder la citoyenneté à des milliers de nouveaux arrivants.
Dans le camp du Non, Raphaël Barrette disait s’attendre à un résultat aussi ambigu, donnant l’indication que les Québécois s’attendaient tout de même à du changement, sans toutefois briser le Canada.
Ça s’est aussi passé en 1995
-La semaine suivant le referendum, Denis Lapointe était élu une première fois à la mairie de Salaberry-de-Valleyfield. Il restera en poste 22 ans.
-Québec achetait l’ancien couvent des sœurs de Jésus-Marie (SSNMJ) en vue d’en faire un centre d’accueil pour personnes âgées (CHSLD).
-Les mises en chantier avaient chuté de 54% de juillet à septembre, comparativement à l’année précédente.
-Le hockeyeur Yves Sarault était échangé aux Flames de Calgary.
-Martin Gendron était nommé joueur de la semaine dans la Ligue Américaine de Hockey.
-Les Élites de Valleyfield de la Ligue Junior A étaient vendus à la firme Investissements AVP.
