Au tournant des années 70-80, plusieurs jeunes étudiants et travailleurs de la région ont exprimé leur soif de justice sociale au sein du mouvement marxiste-léniniste. Aujourd’hui psychothérapeute, Gilles Morand a voulu témoigner de cette époque dans un ouvrage qui sera lancé le jeudi 11 mai au café culturel La Factrie.

C’est à travers le Parti communiste ouvrier que Morand et plusieurs dizaines de personnes ont milité dans ce mouvement d’extrême-gauche. Dans son livre de 150 pages intitulé L’époque était rouge, il raconte comment se vivaient ces activités militantes avec une vision de l’intérieur.

«Dans ce temps-là, c’est d’abord aux idées qu’on adhérait, notre but était de mener la lutte ouvrière pour garantir de meilleures conditions de travail», explique-t-il.

À la lecture de l’ouvrage, on constate que le mouvement était cependant bien structuré et comportait une hiérarchie où chaque membre avait un rôle précis à jouer. Le tout se jouait dans un contexte de quasi clandestinité, mais aussi de camaraderie, où les manifestations, les assemblées politiques et la publication du journal La Forge nourrissaient leurs idéaux de justice sociale.

Morand revient sur ces années avec un œil sarcastique, voire désillusionné, en racontant en détails les habitudes et méthodes de travail en usage au sein des troupes, qu’il a quittées définitivement en 1981. Le PCO a été dissout deux ans plus tard.

Les expériences communistes vécues notamment au Cambodge avec les massacres du régime Pol Pot et la mise à jour des méthodes préconisées par le régime de Mao en Chine ont notamment contribué à cette démobilisation, explique l’auteur. Personnellement, le peu d’appui qu’il obtiendra de ses pairs lors d’un conflit syndical à l’usine Expro laissera également un goût amer.

«On peut s’en moquer aujourd’hui, mais il demeure qu’on était sincère et convaincu dans notre démarche et qu’on avait des idées à proposer.»

Comme plusieurs de ses camarades qui sont demeurés actifs dans les mouvements syndicaux et de gauche, Gilles Morand demeure un social-démocrate et conserve malgré tout un souvenir positif de ces années.

«Cette expérience m’a appris beaucoup sur la mobilisation politique, la situation mondiale et la discipline», note celui qui, après de multiples expériences de travail, a choisi de retourner aux études pour compléter une formation universitaire.

Son livre se veut un témoignage intéressant sur une page encore méconnue de l’histoire régionale.

 

L’époque était rouge

De Gilles Morand

Publié aux Éditions M, collection Militantismes

152 pages

Lancement jeudi 11 mai, 17 h, au café La Factrie