20e Nuit des sans-abri à Salaberry-de-Valleyfield : tolérer et cohabiter avec l'itinérance
Le phénomène de l’itinérance est grandissant dans la région. Les organismes ont uni leurs efforts pour encadrer la situation. Que ce soit par une halte, un refuge, un campement ou d’autres services. Au-delà de tolérer, il y a cohabiter avec l’itinérance. Ce qui contribue à la nécessité de la Nuit des sans-abri, de retour au parc Salaberry le 18 octobre, pour sa 20e édition.
«La tolérance, elle a ses limites comme tout, a laissé entendre Jonathan Nadon, coordonnateur clinique chez Pacte de rue. Mais la cohabitation, [de dire] que c’est correct qu’on puisse occuper la même place, et les mêmes espaces.»
L’itinérance est un problème de société et la communauté doit d’épauler avance-t-il pour trouver des solutions.
Les appels sont nombreux à la Ville pour dénoncer la situation. Louis-Philippe Boucher, soutien en activité clinique au Centre intégré de santé et services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO), mentionne que les citoyens n’ont pas à avoir peur d’une personne assise sur un banc de parc. «Si les gens allaient discuter, ils verraient que ce sont des gens comme tout le monde qui ont un peu de malchance.»
Il qualifie les plaintes logées comme des bâtons dans les roues des organismes qui essaient de mettre des initiatives en place.
Une halte utile
Marilou Carrier, directrice générale de la Maison d’hébergement dépannage de Valleyfield (MHDV) a parlé du travail sur le terrain fait par de nombreux organismes. Qui tentent d’établir des stratégies d’intervention. Malheureusement, les ressources sont souvent insuffisantes.
Parce que l’itinérance est un phénomène qui prend plus de place à Salaberry-de-Valleyfield.
Toutefois, depuis environ un an, une halte à haut seuil de tolérance s’est ajoutée à l’arsenal de solutions du milieu communautaire qui œuvre en itinérance. Ouverte de façon permanente depuis le mois de mars, son ajout vaut son pesant d’or. (voir statistiques plus bas)
«C’est une belle porte d’entrée pour les gens qui n’allaient pas dans les services, a laissé entendre Mme Carrier. Des fois, c’est moins intimidant comme endroit à aller une première fois que les autres services autour.»
Jonathan Nadon voit ce lieu comme un endroit qui reconnecte la rue avec les services.
Tous égaux
Le visage de l’itinérance change. Il n’a pas de sexe ou d’âge. L’itinérance 100 visages est le thème de la Nuit des sans-abri cette année. Une vigile qui revient au parc Salaberry en raison des travaux en cours au parc Delpha-Sauvé.
Dès 18 h, les citoyens ont rendez-vous pour discuter de la situation, apporter des vêtements chauds, ou échanger avec les personnes présentes.
L’événement est toujours pertinent. La directrice générale de la MHDV a parlé d’une femme qui, à partir de sa présence à la soirée, a eu accès à différents services. Elle est désormais en deuxième phase de réinsertion sociale avec une chambre pour un an au Vestibule de Marguerite.
«C’est quand même magique la Nuit des sans-abri, a quant à lui poursuivi Jonathan Nadon. De voir autant de différences unies ensemble et de prendre le temps de se comprendre et de se parler. De se rendre compte à quel point on ne se connaît pas tant que ça, mais qu’on fait tous partie de la même gang.»
La halte en chiffre
- Plus de 500 personnes ont visité le service depuis le mois de mars
- 3200 visiteurs
- Plus de 4500 collations et repas servis
- Plus de 8500 breuvages offerts
- 116 personnes différentes au mois d'août comparativement à 90 pour le mois de mars
- 74 % sont des hommes, 25 % des femmes et 1 % issue de la diversité de genre
- 87 % ont des enjeux de dépendance
- 31 % ont plus de 50 ans