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À 19 ans, il survit à un arrêt cardiaque en plein match de hockey

le vendredi 01 juillet 2022
Modifié à 14 h 57 min le 30 juin 2022
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Les agents du SPAL Étienne Séguin, Simon Desjean-Venne, Maxime Cyr et Gabriel Roy-Lacouture sont intervenus le soir où Charles Therrien-Thénière a fait un arrêt cardiaque. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

La glace n’est pas encore sèche sur la patinoire du Complexe sportif Bell à Brossard dans la soirée du 29 novembre 2021 quand Charles Therrien-Thénière rentre au banc après une présence en début de match. Il sent son cœur battre plus rapidement qu’à l’habitude, tousse et s’avance pour prendre sa bouteille d’eau. Puis, il perd conscience.

«Je me souviens de tout jusqu’à la dernière seconde», raconte-t-il.

À son réveil à l’hôpital, le jeune homme de 19 ans ne le sait pas encore, mais il a survécu à un arrêt cardiorespiratoire.

Il ne sait pas encore qu’il a donné la frayeur de sa vie à sa mère et ses grands-parents, présents dans les estrades alors qu’il était inconscient au banc de l’équipe locale.

Que le défibrillateur était défectueux le matin même de l’incident et que l'approche proactive des employés du complexe a permis d’en avoir un fonctionnel plus tard dans la journée.

Il ne sait pas que l’arbitre Sylvain Poirier, un pompier de carrière, a rapidement amorcé les manœuvres de réanimation. Ni que son assistant, Francis Poirier, s’est précipité pour aller chercher le défibrillateur. Ni que son entraîneur Emmanuel Kritikos a lui aussi aidé lors des manœuvres réanimation.

Il ne sait pas que les agents Étienne Séguin et Maxime Cyr ont reçu l’appel du 911 à 21h21 et qu’à 21h23, ils étaient sur les lieux, prêts à assister aux manœuvres déjà amorcées. Les agents Gabriel Roy-Lacouture et Simon Desjean-Venne qui les suivaient, ce dernier étant aux côtés de sa mère, tentant de la rassurer.

Et il ne sait pas qu’au cinquième choc, son pouls a repris de façon constante.

Tout ça, Charles Therrien-Thénière le sait aujourd’hui. Alors qu’une cérémonie avait lieu le 21 juin pour souligner le travail de ceux qui l’ont sauvé et l’importance des défibrillateurs externes, le jeune homme qui a aujourd’hui 20 ans est souriant et chérit chaque moment.

Sept mois après son arrêt cardiaque, Charles Therrien-Thénière était attentif, accompagné de ses parents, Sylvie Therrien et Patrick Thénière, lors de la cérémonie pour souligner le travail de ceux qui l’ont sauvé. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

La vie après avoir frôlé la mort

Sept mois après l’incident du 29 novembre, les causes de l’arrêt cardiaque ne sont toujours pas connues. Charles vit aujourd’hui avec un défibrillateur interne et poursuit les suivis avec l’Institut de cardiologie de Montréal.

À ce jour, il ne garde pas de séquelles de l’événement et peine encore à croire que ça lui est arrivé.

«Je n’ai jamais pris de drogue, je bois à peine, je n’allais pas dans les partys au secondaire. Je me suis toujours concentré sur le hockey, je jouais à mes jeux. J’étais le gars le plus clean du monde et ça m’est arrivé pareil», affirme celui qui entend reprendre le sport, mais pas le hockey.

«Ça peut arriver à n’importe qui.»

-Charles Therrien-Thénière

«C’est étrange parce que ç’a toujours été une de mes grandes peurs, admet-il. Par exemple, quand je regardais des émissions de télé où ça se passe dans des hôpitaux, que ça parlait du cœur, j’haïssais ça. Je n’étais pas capable, même avant que ça m’arrive.»

Une reconnaissance infinie

Pour ses parents, Patrick Thénière et Sylvie Therrien, le choc de l’événement se ressent encore.

«Tout va bien, tu tiens pour acquis que tout le monde autour de toi va vivre jusqu’à 90 ans, et là tu reçois un appel, ton fils est entre la vie et la mort, expose M. Thénière. Tu réalises que la vie ne tient qu’à un fil.»

Si la cérémonie leur permettait «de passer à une autre étape», elle était d’une grande importance pour eux, notamment afin de remercier et remercier encore ceux qui ont sauvé la vie de leur fils.

«La reconnaissance est infinie, poursuit le père. C’est inquantifiable, tu ne peux pas dire merci assez souvent. L’arbitre qui était vraiment impliqué au début avec le massage cardiaque, je lui ai dit : M. Poirier, chaque fois que je me lève, je pense à vous!»

Il y a sept mois, Charles subissait un arrêt cardiaque au banc de l'équipe locale. Sept mois plus tard, il est entouré de ses parents devant l'endroit où il a failli y laisser sa vie. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

De son côté, Mme Therrien, qui a assisté à la scène, admet avoir beaucoup de difficultés à s’en remettre. Elle tient à redonner à la société et s’implique aujourd’hui dans la Fondation Jacques-de-Champlain, qui a pour mission d’augmenter le taux de survie des victimes d’un arrêt cardiaque en optimisant l’accès et l’utilisation des défibrillateurs externes et automatisés.

Si elle revit les images à l’occasion et hésite à «faire confiance à la vie», elle connaît l’importance d’apprécier chaque moment.

Elle illustre qu’autrefois, si son fils s’emportait pendant qu’il jouait à ses jeux vidéo, elle lui disait de se calmer, de faire attention à son langage.

«Là, je l’entends. Et c’est juste ça qui compte.»

 

«Ça marque une carrière»

Pour les agents du SPAL Étienne Séguin, Maxime Cyr, Simon Desjean-Venne et Gabriel Roy-Lacouture, le 29 novembre 2021 était une «journée normale», jusqu’à l’appel logé au 911 par un coéquipier de Charles à 21h21.

«On reçoit toutes sortes d’appels, mais celui-là, on avait le feeling qu’il se passait quelque chose de sérieux», raconte l’agent Séguin.

Alors que leur voiture était sur le boul. du Quartier et l’avenue de l’Équinoxe, l’agent Séguin s’est rapidement dirigé vers le Complexe, tandis qu’à ses côtés, l’agent Cyr enfilait ses gants, prêt à intervenir. Pas très loin derrière eux se trouvaient les Desjean-Venne et Roy-Lacouture.

Tous les quatre ont joué un rôle, notamment en se relayant pour le massage cardiaque.

«On en a sué une shot! Des appels d’arrêt cardiaque, on en reçoit régulièrement, mais pour un jeune de 19 ans, qu’on a une chance de sauver et qu’on ramène sur place, c’est unique», révèle l’agent Roy-Lacouture.

«Ça marque une carrière!» assure l’agent Cyr.

Comme ses collègues présents le soir du 29 novembre 2021, Maxime Cyr a reçu une mention de qualité. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

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