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Les Alcooliques anonymes : la sobriété, 24 heures à la fois

le dimanche 30 mars 2025
Modifié à 13 h 18 min le 28 mars 2025
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Les Alcooliques anonymes sont présents depuis 46 ans à Salaberry-de-Valleyfield. (Photo : archives)

L’alcoolisme est un mal insidieux qui ronge par en dedans. Quelques centaines de personnes participent à des meetings des Alcooliques anonymes chaque semaine à la salle des œuvres de la basilique-cathédrale Sainte-Cécile. Des gens souvent plus près de vous que vous ne le croyez.

«Les gens pensent qu’on va chercher les gens dans la rue avec leur bouteille dans un sac de papier, relate Fernand*. C’est une fausse idée. Il y a des médecins, des infirmières, comptables, avocats, etc. »

Fernand avait un passé de consommateur. Il a activé sa dopamine. Jusqu’à l’excès et ainsi avoir moins de plaisir.

«La première gorgée est celle qui peut nous tuer, confie celui qui est sobre depuis 19 ans. Je suis allé en thérapie pour savoir c’était quoi l’allumette qui craquait le feu.»

Il ajoute que le problème avec la consommation d’alcool, c’est qu’elle s’installe de façon insidieuse et sournoise. Elle est également croissante. 

«J’en ai entendu des histoires de bouteilles cachées dans le sac de golf, soulève-t-il. Ou sous l’évier de cuisine parce que le conjoint ne fait jamais la vaisselle.»

Fernand a aussi des récits de rechute. Des destins qui ont terminé en prison, à la folie ou même à la mort.

La force du réseau

Sobre depuis plusieurs années, Fernand laisse savoir que les 30 premiers jours ont été les plus difficiles. D’ailleurs, 19 ans plus tard, il prend toujours les jours un à la fois. 

Au-delà de la thérapie, il est un assidu des rencontres de discussions. Six midis et sept soirs, jusqu’à une centaine de personnes se réunissent pour échanger. 

«J’ai pris la parole pour la première fois après trois mois, se souvient-il. L’animateur m’a demandé de partager mon vécu. De revenir sur ma première consommation. »

Il est conseillé d’assister à une rencontre chaque jour pendant les 90 premiers jours d’abstinence. Ce qui permet d’éloigner les pensées prémonitoires qui amènent à la consommation. Tendre l’oreille plutôt que lever le coude. 

Ces rencontres permettent de se créer un réseau. Autour d’un café ou d’un thé, on y entend des trucs.

«Il y a un partage de trucs pour prendre une bonne décision, note-t-il. Chaque premier événement peut rappeler des histoires de consommation; les fêtes, comme Pâques qui s’en vient, la Saint-Jean-Baptiste ou autres. C’est utile d’avoir l’expérience du réseau.»

Les jeunes difficiles à rejoindre

Il évalue à moins de 1% les gens qui acceptent par eux-mêmes d’assister aux rencontres des Alcooliques anonymes. La majorité a été incitée par leur entourage qui a constaté le problème. Souvent dans le milieu du travail via le programme d’aide aux employés.

Les maisons de thérapie dirigent également des usagers vers les meetings.

Si tous les groupes d’âge sont présents, les jeunes y sont en moins grand nombre. «Les 20-35 ans ont de la misère à s’adapter, explique Fernand. Ils ne s’identifient pas juste à l’alcool. Il y a aussi les narcotiques ou l’alcool mélangé aux boissons énergisantes.»

Mini-congrès en septembre

Les A.A. sont présents à Salaberry-de-Valleyfield depuis 46 ans.

Le 6 septembre, ils organisent un mini-congrès au Centre communautaire Wilson de Coteau-du-Lac. Au-delà des Alcooliques anonymes, les membres du groupe Al-Anon, qui vivent avec une personne alcoolique, seront présents.

Les gens se retrouveront pour partager leur parcours. «Je remarque toujours le sourire des gens qui se revoient et qui sont toujours sobres», témoigne Fernand. 

*nom fictif