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Boues d’épuration: des citoyens veulent être rassurés

Il y a 7 heures
Modifié à 8 h 46 min le 04 décembre 2024
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Les pratiques d’épandage de boues d’épuration sont en vigueur depuis des dizaines d’années. (Photo Journal Saint-François - Archives)

La pratique d’épandage de boues provenant d’usines d’épuration sur les terres agricoles suscite toujours des craintes à Godmanchester, où des citoyens souhaitent s’assurer que l’eau de leurs puits n’ait pas été affectée par ces matières.

Des citoyens du chemin New Erin se sont adressés au conseil municipal à son assemblée du 2 décembre pour demander que la Municipalité assume les coûts pour la réalisation d’analyses de leur eau de puits par une firme indépendante.

Une demande que les élus ont pris en considération, mais puisque la gestion des boues relève de la MRC du Haut-Saint-Laurent, c’est à cette instance que les citoyens devront s’adresser. C’est ce qu’ils comptent faire d’ailleurs, alors que les élus du Haut-Saint-Laurent se réuniront le 18 décembre.

Résidente du chemin New Erin, Lise Maisonneuve compte parmi les citoyens qui sont sérieusement affectés par cette pratique depuis plusieurs années. D’une part, en raison des odeurs nauséabondes que ces boues dégagent, mais aussi en raison des risques reliés aux produits toxiques qui peuvent s’y trouver.

Bien que ces matières fertilisantes soient utilisées depuis plusieurs années, certaines peuvent contenir de fortes concentrations de substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, mieux connues sous le nom de PFAS. La présence de ces produits dans des boues d’épuration seraient à l’origine de certains cancers. On les qualifie d’ailleurs de «polluants éternels» parce qu’ils ne se dégradent pas ou très peu.

Mme Maisonneuve mentionne que des citoyens  du secteur ont été atteints du cancer ces dernières années. Une situation inquiétante, dit-elle, même s’il demeure hasardeux d’établir un lien direct avec l’épandage de boues d’épuration.

En réaction à certains reportages de Radio-Canada sur des PFAS contenus dans des boues importées du nord des États-Unis, le ministère de l’Environnement a entrepris de modifier sa règlementation afin d’établir des seuils à ne pas dépasser pour les PFAS, ce qui constitue une première au Canada.  

«Le Guide sur le recyclage des matières résiduelles fertilisantes devait être mis à jour en mars 2018 pour se conformer à la Loi sur la qualité de l’environnement. Toutefois, les tentatives de changement de l’encadrement des biosolides n’ont pas abouti à une mise à jour du règlement», informe un article de la SRC.

Mario Legault des Fermes Lebec, situées sur le chemin New Erin, compte parmi les producteurs qui ont fait l’épandage de boues d’épuration, depuis 2004, dit-il, en provenance des usines d’épuration de Valleyfield et Pincourt, entre autres; mais pas des États-Unis. 

En conformité avec les normes émises par le ministère, ces épandages ont eu lieu tant à Godmanchester qu’à Saint-Stanislas-de-Kostka ou Ormstown. «Des analyses de sol sont effectuées aux cinq ans, et rien n’a démontré que nos paramètres étaient hors-norme», assure-t-il.