Cinq ans après la COVID-19 : la Montérégie mieux préparée

La Dre Julie Loslier souligne que la santé publique est l’affaire de tous. (Photo: gracieuseté)
Il y a cinq ans, le 13 mars 2020, le Québec déclarait l’état d’urgence sanitaire en raison de la pandémie de la COVID-19. Masques obligatoires, couvre-feux, fermeture des écoles et commerces, interdiction des rassemblements, déplacements limités entre les régions… La vie quotidienne était bouleversée. Depuis, la société a tourné la page, mais les leçons de cette crise ont-elles été retenues ? La Montérégie est-elle aujourd’hui mieux préparée à affronter une nouvelle pandémie ? Julie Loslier, directrice de Santé publique de la Montérégie, répond à ces questions.
«Du point de vue de notre direction de la santé publique, absolument, nous sommes mieux préparés», affirme Mme Loslier. L’expérience acquise avec la COVID-19 a permis de revoir les plans d’urgence et d’améliorer la rapidité de mobilisation massive des équipes en cas de situation d’urgence sanitaire, que ce soit infectieuse ou environnementale.»
«Nos processus de préparation à la mobilisation et de réponse aux crises ont été renforcés, testés et systématisés, ajoute-t-elle. Une attention particulière a été portée à la capacité de mobilisation rapide du personnel et à la délégation des tâches en cas d’urgence.»
De plus, la surveillance sanitaire a été modernisée. Un système de vigie sanitaire, déjà en place avant la pandémie, a été fortifié, pour permettre un suivi en temps réel des maladies infectieuses. Par exemple, chaque deux semaines, des rapports de circulation des virus respiratoires, et autres virus, sont publiés et partagés avec les partenaires de la santé en Montérégie.
Sous surveillance
Si la COVID-19 a marqué les esprits, d’autres menaces préoccupent la santé publique. Parmi elles, il y a la rage du raton laveur qui est surveillée de manière étroite, signale la médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive.
Il y a aussi la hausse des zoonoses, soit les maladies transmises à l’homme par des animaux ou insectes.
«Les maladies transmises par les tiques, comme la maladie de Lyme, l’anaplasmose et l’encéphalite équine de l’Est sont des maladies qu’on ne voyait pas il y a quelques années. Leur progression est liée aux changements climatiques, fait-elle savoir.
«On surveille aussi étroitement la grippe aviaire (H5N1) qui touche les élevages de volailles en Montérégie. Bien que le virus ne se soit pas encore transmis à l’humain au Québec, une vigilance accrue est de mise, poursuit-elle. La rougeole est aussi sous observation même si la Montérégie est actuellement peu touchée, mais la maladie peut rester longtemps en incubation.»
Le rôle de la Santé publique est de sensibiliser la population et les professionnels de la santé à ces risques émergents.
Entrevue avec Julie Loslier dans le cadre du balado Ceci n'est pas une revue de presse
Cinq grandes priorités
En post-pandémie, la Direction de la santé publique de la Montérégie a établi cinq grandes priorités pour 2023-2025.
Tout d’abord, la préparation à une future urgence sanitaire afin de renforcer la capacité de réponse rapide aux crises.
Puis, réduire les effets des changements climatiques sur la santé. Dans la lutte aux changements climatiques, la Santé publique soutient et travaille avec les municipalités pour notamment réduire les îlots de chaleur, diminuer les gaz à effet de serre, améliorer les transports actifs, et aussi pour être capable de réagir en cas d’urgence climatique, comme lorsqu’il y a des vagues de chaleur ou des inondations, précise Dre Loslier. Mais ce ne sont que quelques exemples, car à ce chapitre, plusieurs autres mesures et actions sont incluses.
La promotion de la santé mentale, particulièrement celle des jeunes, et le développement des tout-petits figurent parmi les priorités. Mme Loslier soutient qu’il y a probablement plusieurs causes racines à la détresse, mais la Santé publique a constaté durant la pandémie que ce sont les jeunes qui ont vécu les plus grands impacts en termes de dégradation de la santé mentale.
«On connait l’importance des liens sociaux à ces âges-là, mais il y a probablement d’autres causes qui sont peut-être liées aux changements qui ont lieu dans toutes les dynamiques sociales chez la population jeune. Plusieurs actions pour favoriser la santé mentale positive des jeunes ont été mises en place, et spécifiquement dans les écoles secondaires», commente Mme Loslier.
Les personnes ayant un faible revenu et celles vivant avec des maladies chroniques ou certaines conditions de santé sont aussi plus à risque, faut-il le préciser.
Mais une question demeure : la population, elle, est-elle prête à suivre les consignes si une nouvelle pandémie survenait?