Contaminer la santé mentale positive au Cégep
L’anxiété est un mal invisible qui ronge l’âme. La santé mentale est cependant un sujet de moins en moins tabou. Les jeunes sont confortables de parler de leur situation et d’aller chercher de l’aide. Ce que constate Caroline Trottier, travailleuse sociale au Cégep de Valleyfield, qui se présente comme une leader pour contribuer au positivisme dans l’établissement académique.
«Je me suis rendu compte que de mettre toutes mes énergies à travailler sur les symptômes de l’anxiété, la dépression et la santé mentale, je n’y arriverais pas, a-t-elle soutenu. C’est tellement grandissant. On a un changement d’approche qui nous amène beaucoup plus sur la façon de favoriser une meilleure santé mentale, une santé mentale positive.»
À l’automne 2018, 84 demandes avaient été formulées aux services psychosociaux. Six ans plus tard, après une pandémie angoissante, 222 demandes ont été déposées aux services.
Pour l’année 2023-24, 24 % des étudiants du Cégep démontraient des défis comme des troubles d’apprentissage, de santé mentale ou des limitations physiques.
Une augmentation certes, mais qui vient appuyer la pertinence de l’aide offerte au Cégep. Il y a plus de demandes, mais les services sont davantage connus.
L’autorégulation des émotions
«Ce que j’observe, c’est que les jeunes ont peu de capacité d’écouter leurs émotions, a noté Mme Trottier. Ils ont peu de connexion avec ce qui se passe en dedans; ils sont plus dans la performance. Comme s’ils couraient sans regarder ce qui se passe. Ils avancent, mais ils sont épuisés.»
Elle ajoute que le développement du cerveau se termine à l’âge de 25 ans pour les femmes et 29 ans pour les hommes. Et la dernière partie à se développer est l’autorégulation des émotions. «C’est tout à fait normal qu’on se retrouve à l’âge de 17-20 ans dans une période de plus grande vulnérabilité», fait-elle remarquer.
Le moteur du stress
Les Cégepiens se retrouvent dans un contexte d’évaluation et de comparaison. À l’aube des choix importants pour leur futur. La performance s’affiche comme un indicateur puissant et déstabilisant.
«Je n’essaie pas de la défaire parce que je pense qu’elle est nécessaire ton anxiété de performance, a expliqué Mme Trottier. Quand je regarde la courbe du stress, trop c’est comme pas assez. Le stress permet d’avancer, de se botter le derrière.»
L’important est que tous et chacun connaissent leurs forces et leurs valeurs pour avancer vers leurs objectifs.
Ainsi le stress, au lieu de le fuir, il faut bien le comprendre. Trouver ses limites et repères.
Un des trucs que donne Mme Trottier est d’insérer des pauses à son horaire pour être plus efficace. Il y a aussi la décharge mentale par le développement d’une passion qui peut être artistique, sportive ou communautaire.
À cet effet, 413 étudiants du Cégep étaient engagés dans une activité parascolaire cet automne.
Influencer à sa façon
Le ministère de l’Éducation supérieure a investi dans la santé mentale et instauré un plan d’action en santé mentale.
Au Cégep de Valleyfield, un comité est en place depuis trois ans et comprend 61 membres influenceurs qui cherchent à contaminer la santé mentale positive.
«Il s’agit d’un changement de culture, a-t-elle souligné. Même le directeur général [Marc Rémillard] veut embarquer dans le comité. Le Cégep est proactif et démontre du leadership en la matière.»
Le travail de proximité demeure la clef à prioriser dans le futur selon Caroline Trottier. La santé mentale positive est l’affaire de tous et est contagieuse dans la communauté du Cégep.
«Il faut garder une connexion avec les étudiants pour mieux apprendre à le comprendre et le connaître, a-t-elle avoué. Dès que tu le regardes dans les yeux et tu leur demande comment ils vont, leurs yeux s’illuminent.»
À écouter sur la santé mentale
Le podcast Les Judicieuses, animé par Julie Voyer et Judith Cailhier propulsé par Gravité
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Caroline Trottier, travailleuse sociale au Cégep de Valleyfield, prône la santé mentale positive lors de ses interventions avec les étudiants. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)