Des bâtons dans les roues des véhicules zéro émission
À peine quelques semaines après la fin des subventions remises par le gouvernement du Québec pour l’achat de véhicules électriques, voilà qu’Ottawa a fait savoir vendredi en fin d’après-midi que lorsque tous les fonds seront épuisés, le programme sera mis en pause et les Canadiens ne pourront plus recevoir d’incitatifs à l’achat ou à la location de nouveaux véhicules admissibles.
L’enveloppe financière devrait être tarie d’ici le 31 mars selon les estimations. «On se donne des objectifs avec de grandes ambitions, mais on ne se donne pas les moyens de les atteindre. Le gouvernement devrait respecter ses engagements, parce que de notre côté on a réussi à avoir de l’inventaire et maintenant qu’on y arrive, on coupe ça», déplore le propriétaire de Hyundai Valleyfield, Vincent Demers.
Hyundai est un gros joueur dans le domaine de la voiture électrique et voulait aider l’atteinte des objectifs canadiens de 2035. Ceux-ci sont ambitieux effectivement. Transports Canada a fait savoir que pour décarboniser le transport routier, on devra accélérer l’adoption des véhicules zéro émission. «C’est pourquoi le gouvernement du Canada s’engage à atteindre un objectif obligatoire de vente de 100 % de véhicules zéro émission (VZE) d’ici 2035 pour tous les nouveaux véhicules légers, y compris des objectifs provisoires d’au moins 20 % d’ici 2026 et d’au moins 60 % d’ici 2030, comme il a été annoncé dans le document Plan de réduction des émissions pour 2030», peut-on lire dans un communiqué finalisé en décembre 2023 et révisé l'automne dernier.
Une aide providentielle
«On est dans le néant actuellement, c’est impossible de planifier plus loin. Ça ne pourra rester comme ça, les manufacturiers vont aider, mais ils viennent de se faire mettre une roche dans l’engrenage. On ne pourra pas y arriver sans subvention parce que les manufacturiers ne sont pas prêts à baisser les coûts. Si tu prends Tesla, qui est le plus gros joueur dans l’électrique, si on enlève les crédits carbones, le business automobile électrique n’est pas encore rentable. Ils perdent de l’argent trimestre après trimestre», dévoile Vincent Demers qui croit que les particuliers non plus n’ont pas les poches assez profondes pour encaisser.
«Ce n’est pas vrai que les véhicules électriques conviennent à toutes les bourses», plaide le propriétaire qui croit que dans l’état actuelle des choses, des ménages n’ont même pas les moyens de voitures neuves à essence.
Le Québec allait bien
Il déplore la situation parce que les ventes de véhicules électriques allaient modérément bien ailleurs au pays avec des ventes de 15 % dans les autres provinces. «Ici, au Québec, l’an dernier, ça a été une année exceptionnelle, mais on a vendu de 45 % à 48 % des voitures électriques. Nous avions commencé l’année avec des dépôts sur 500 véhicules électriques dans nos commandes. Cette année notre plan d’affaires était de 35 %, mais là on regarde pour mettre les véhicules à essence plus abordables», conclut-il.
Du côté de l’Association des véhicules électriques du Québec, dans un communiqué, on a fait savoir qu’on n’appuie pas cette décision. «Car le pays est en bonne voie d’atteindre et même de dépasser son objectif canadiens de 20 % de ventes de VZE d’ici 2026. L’interruption de ce programme compromettra cet objectif», fait-on savoir.