Des élus avantagés par le nouveau rôle d’évaluation

Alors que le rôle d'évaluation de Salaberry-de-Valleyfield connaît des hausses de 6,66 % à 8,88 %, le journal Saint-François a découvert qu'une majorité d'élus municipaux bénéficient d'augmentations de moins de 3 % de la valeur foncière de leur résidence. Certaines ont même été revues à la baisse.
La résidence du maire Denis Lapointe et celle du conseiller municipal François Labossière ont été réévaluées à la baisse dans le rapport déposé par l’entreprise Évimbec, propriété de la firme Roche ltée.
Notons qu’un rôle d'évaluation est un outil de gestion qui détermine la valeur réelle des propriétés aux fins de la taxation municipale et scolaire. Plus l'évaluation d'une propriété est élevée, plus le compte des taxes à percevoir est élevé également.
Même si la constatation laisse place à interprétation, Bruno Trottier, responsable juridique chez Évimbec, soutient que son entreprise n’a eu aucune demande particulière de la part de l’administration municipale en lien avec son rapport.
Selon lui, la valeur des terrains à Salaberry-de-Valleyfield a beaucoup évolué. «Dans le nouveau rôle, c’est beaucoup plus réel. Les terrains sont à leur juste valeur. Notre mandat avec la Ville de Salaberry-de-Valleyfield est d’inspecter toutes les résidences et immeubles chaque 6 ans.»
Le nouveau rôle démontre que six des neuf propriétés appartenant à des élus ont connu une baisse de leur valeur, ou une légère augmentation, comparativement à celles de leurs voisins.
Le conseiller du district Robert-Cauchon, Jacques Smith voit la valeur de sa maison grimper de 0,7 %, alors que celle de son voisin bondit de 15 %. La conseillère Louise Sauvé connaît une hausse de 2,1% de la valeur de sa résidence alors que le numéro civique suivant augmente de 16,3 %.
«Si quelqu’un procède à un seul changement majeur sur sa propriété et que nous inspectons la même année, il est évident que cela joue sur l’évaluation, fait valoir le représentant de la firme Évimbec. Chaque année, nous recevons la liste des propriétés où des permis de construction ou de rénovation ont été émis afin d’aller inspecter la maison à la suite des travaux.»
Cette affirmation semble toutefois contradictoire dans le dossier du maire Denis Lapointe. Le Journal Saint-François a appris que des travaux de rénovation ont été effectués chez lui au cours des derniers mois. Ce qui selon toute vraisemblance devrait avoir eu un impact sur la hausse de l’évaluation de la résidence du premier magistrat, puisqu’un permis aurait été nécessaire pour la tenue des travaux.
Le maire se questionne
Invité à commenter la situation, le maire de Salaberry-de-Valleyfield avoue que la situation est particulière. Il reconnaît que des travaux totalisant 35 000 $ ont été effectués dans sa résidence l’an dernier. D’ailleurs, il s’explique difficilement que celle-ci soit réévaluée à la baisse. «Je n’ai pas encore pris connaissance de mon nouveau rôle d’évaluation, mentionne M. Lapointe. Mais, je ne comprends pas, c’est étrange qu’en investissant dans ma propriété, elle perde de la valeur. Ça devrait être le contraire.»
Denis Lapointe se dit aussi perplexe concernant la situation de la maison voisine à la sienne. Elle est la propriété d’un membre de sa famille. Son propriétaire a investi 150 000 $ en rénovation l’an dernier et la maison a pris seulement 5200 $ de plus-value. «Il y a un problème quelque part. Tous les travaux, autant ceux de ma voisine que les miens avaient des permis. Pour ma part, j’ai même reçu un ajustement de taxes l’an dernier lorsque les travaux ont été terminés. Voilà que cette année, ma maison connait une diminution de valeur. C’est particulier.»
Malgré une incompréhension totale, le premier magistrat assure qu’en aucun temps, de la pression n’a été mise sur la firme Évimbec. «Nous sommes soumis à la Loi sur l’évaluation municipale. La firme n’est aucunement redevable à la Ville. Les prix sont fixés en fonction de sous-secteurs», rappelle le maire.
Augmentation de l’évaluation des propriétés des élus municipaux
Denis Lapointe (- 0,1 %) - résidence voisine (+ 3,4 %)
François Labossière (- 2,1 %) - résidence voisine (+ 3,3 %)
Louise Sauvé (+ 2,1 %) - résidence voisine (+16,3 %)
Jacques Smith (+ 0,7 %) - résidence voisine (+15,1 %)
Denis Laître (+ 1,7 %) - résidence voisine (+7,8 %)
Jean Luc Pomerleau (+9,3 %) - résidence voisine (+ 13,9 %)
Patrick Rancourt (+ 11, 9 %) - résidence voisine (+ 17, 7 %)
Jean-Marc Rochon (+9,4 %) - résidence voisine (+10,7 %)
Normand Amesse (+2 %). Il est difficile de trouver un comparable de même dimension et de même valeur puisque M. Amesse exploite une terre agricole.