Des meurtres plutôt que des drames familiaux
Après plus de 60 ans de carrière sur la scène policière et juridique, jamais je n’aurais imaginé que j’assisterais à une flambée de violence aussi importante que celle que nous avons connue dans les dernières semaines.
À Laval, le 18 octobre, un père a été accusé d’avoir assassiné son garçon de 11 ans et sa fille de 13 ans. Au moment de publier, il n’avait toujours pas comparu, puisqu’il se trouvait à l’hôpital après s’être infligé des blessures. Après l’affaire Guy Turcotte en 2009, on n’aurait pas pu penser qu’un tel drame se produirait à nouveau.
Puis, le 19 octobre, le conjoint d’une dame victime d’un meurtre dans une résidence pour aînés a été arrêté à Vaudreuil-Dorion. Le même soir, un fils a été accusé du meurtre de ses parents, qui étaient dans la soixantaine, à l’Île-Bizard.
Depuis plusieurs années, je me bats pour qu’on arrête d’employer les termes «drames familiaux ou violence conjugale» pour décrire des homicides impliquant des conjoints, des parents ou des enfants. Ce sont des meurtres, de surcroit au premier degré, le chef d’accusation le plus grave qui soit. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales, lui, est clair lorsqu’il dépose ses accusations d’homicide. Une personne en a tué une autre, elle lui enlève la vie, point final.
Tous ces événements me font réfléchir encore sur le ministère de la Sécurité publique qui, je le répète, a toujours été l’un des parents pauvres du financement gouvernemental, et ce, peu importe le parti au pouvoir. C’est bien beau l’éducation et l’environnement, mais la sécurité des citoyens est aussi importante. La folie humaine ne se contrôle pas et j’en ai été témoin tout au long de ma carrière. Les ministères de la Sécurité publique et de la Justice devraient avoir davantage de moyens pour protéger la population.
Fillette de Granby
Par ailleurs, je m’en voudrais de ne pas saluer la décision de la famille de la fillette de Granby, tuée en 2019 par sa belle-mère, de poursuivre la Direction de la protection de la jeunesse et le Centre de services scolaire de la région. Des gens qui étaient en place ont failli à leur travail et ils doivent rendre des comptes. S’ils avaient pris leurs responsabilités pour la sortir de ce milieu violent, ce petit ange qui avait 7 ans à l’époque en aurait aujourd’hui 11.
10-4!
(Propos recueillis par Gravité Média)