Actualités

Dossier microbrasseries : Bière tablette

le mercredi 05 juin 2024
Modifié à 12 h 00 min le 13 août 2024
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Patrice Schoune de la Ferme microbrasserie Schoune. (Photo Journal Saint-François : Archives Pierre Langevin)

La COVID a confiné les gens à domicile. Plusieurs microbrasseries ont alors pris le parti de vendre leurs produits dans un contenant à emporter à la maison. L’offre en canettes a explosé. Les espaces chez les détaillants n’ont cependant pas agrandi.  

«On se partage tous le même trois pieds de tablette, reconnaît Patrice Schoune de la Ferme microbrasserie du même nom située à Saint-Polycarpe. Il faut que tu sois là, il faut que ça vende, que ça roule.»

Il ajoute que le marchand spécialisé recherche une gamme de produits qui se vend bien, pour laquelle il y a un bon roulement. Quant aux bannières, il avoue trouver difficile d’établir un contact humain puisque l’acheteur change souvent. 

La microbrasserie Champ libre a aussi diminué sa distribution. À un certain moment, leurs canettes se trouvaient dans 400 ou 500 points de vente a indiqué Colin Primeau-Verreault. «On est rendu beaucoup de joueurs au Québec, a-t-il noté. On remarque que les sections de microbrasseries diminuent chez les détaillants. On se retrouve le même nombre de joueurs, mais avec moins d’espaces de tablettes.» 

Marché local

La distribution sur un grand territoire est une tendance qui s’essouffle. La Brasserie Barabas ne distribue plus ses canettes au-delà de Candiac. «Avant nos canettes se retrouvaient à Montréal et on a vu que ce n’était peut-être pas pour nous, a expliqué Marc-Olivier Houle. On a décidé de se recentrer localement.»

Une présence forte dans son milieu a un meilleur impact. Les différents intervenants préfèrent rencontrer les consommateurs dans leurs établissements, là où ils peuvent décrire leurs produits avec passion. «Après la COVID, les gens avaient le goût de sortir; les gens viennent nous voir et dégustent en fût, a laissé savoir Trevor Livingstone de la microbrasserie du même nom à Franklin. Les consommateurs viennent sur place, goûtent quelques bières et repartent avec un paquet de quatre canettes d’un produit qu’ils ont aimé.»

La microbrasserie du Vieux-Canal à Salaberry-de-Valleyfield dispose d’un permis de brasseur artisanal. Ce qui permet à Louis MacDonald et Charles Déry d’aller eux-mêmes livrer chez les commerçants. Ainsi, ils constatent le roulement des produits et peuvent ajuster les commandes dans leurs 25 points de vente, principalement locaux. Ils observent néanmoins un bon roulement, notamment à la boutique située à l’entrée de leur établissement. 

Délai de livraison

Schoune a récemment fait la transition de la bouteille de verre à la canette en aluminium. «Le marché est comme ça, même si les gens préfèrent la bouteille, explique le maître-brasseur. Mais les marchands ne veulent plus récupérer les bouteilles. Recyc-Québec a tué selon moi la bouteille dans le marché. Il n’existe plus de laveurs de bouteilles.»

En même temps, embouteiller sa bière nécessitait quatre personnes. C’est seulement deux employés qui sont requis pour encanner, ce qui permet de répondre à l’enjeu de main-d’œuvre.

Autre élément à considérer, les microbrasseries qui utilisent des canettes imprimées vivent désormais des délais de livraison. Parfois jusqu’à deux mois afin de recevoir leurs contenant à remplir ont laissé savoir les intervenants. 

Pour Trevor Livingstone, la vente de bière en canette est en perte de vitesse. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)