Gouvernement du Québec : des véhicules électriques… mais pas de bornes de recharge!
Pourquoi acheter une voiture hybride rechargeable si on ne la branche jamais?
C’est la question que je me pose depuis des mois lorsque je vois à Saint-Hyacinthe des Toyota Prius Prime, des Ford C-Max Energi et des Ford Fusion Energi stationnées sans jamais être branchées. En effet, aucune borne n’a été installée là où elles sont, pas même de simples prises de courant de 110 Volts. On retrouve toutefois plusieurs bornes de recharge à quelques dizaines de mètres de là qui pourraient fort bien servir en attendant que des bornes dédiées soient installées dans leur stationnement réservé.
Mais là où le bât blesse vraiment, c’est dans le fait qu’il s’agit ici de véhicules gouvernementaux utilisés par des employés du Ministère de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation du Québec (MAPAQ).
Curieux de comprendre pourquoi cette situation perdurait, je suis allé rencontrer les gens de ce bureau et leur ai demandé pourquoi, après plusieurs mois, aucune borne n’avait encore été installée. Ceux-ci m’ont très poliment répondu qu’effectivement, ces voitures n’étaient jamais branchées car elles ne savaient pas trop comment procéder à l’installation de bornes de recharge, d’autant plus que leurs bureaux appartenaient à un propriétaire privé.
Exemplarité de l’État : le rôle du CGER
Un des volets importants des stratégies d’électrification des transports mis en place par le gouvernement Marois et suivi par le gouvernement Couillard est celui de « l’exemplarité de l’état ». Il est d’ailleurs clairement stipulé sur le site du gouvernement du Québec que « le Centre de gestion de l’équipement roulant (CGER) est mandaté par le gouvernement pour la mise en œuvre de la mesure visant l’électrification du parc automobile gouvernemental. L’objectif est de démontrer l’exemplarité de l’État en procédant à l’électrification progressive et obligatoire du parc automobile gouvernemental. »
Le CGER, qui relève du ministère des Transports, offre des services de gestion de parc de véhicules aux ministères et organismes, au réseau de la santé et des services sociaux, au réseau de l’éducation ainsi qu’aux municipalités et villes.
Ainsi, lorsqu’une personne responsable de l’acquisition de véhicules au sein d’un ministère contacte le CGER, quelqu’un peut l’aider dans l’acquisition d’un véhicule partiellement ou entièrement électrique aussi bien que dans l’installation de bornes de recharge.
L’accompagnement est incontournable
Selon les informations obtenues, il semblerait que des employés du MAPAQ n’auraient pas encore reçu de directives d’installation de bornes, ce qui donne lieu à cette situation absurde où des employés se déplacent maintenant en véhicules rechargeables… qui ne sont jamais rechargés.
Si le gouvernement atteint l’objectif de 100 000 véhicules « zéro émission » sur les routes du Québec d’ici la fin de l’année 2020 en forçant l’adoption de véhicules gouvernementaux électriques, mais que des ministères, villes et municipalités ne sont pas sérieusement accompagnés dans leur transition, de telles situations risquent de se multiplier.
Une transition à peaufiner
Afin que la transition vers les véhicules électriques gouvernementaux se passe mieux, le gouvernement du Québec devrait s’assurer :
- Que les employés des différents ministères, villes et municipalités sachent comment acquérir des véhicules électriques, faire installer des bornes de recharge et que le tout soit coordonné.
- Que les employés de l’état apprennent comment bien utiliser leur voiture hybride rechargeable ou 100% électrique. J’ai entendu à plus d’une reprise des employés de ministères et de villes me raconter que leur département avait acheté des véhicules électriques, mais que ceux-ci accumulaient la poussière dans le fond du stationnement car personne ne savait comment les faire fonctionner.
- Que l’installation des bornes de recharge sur des sites commerciaux soit facilitée par un programme semblable à celui conçu pour les résidences multilogements. C’est une lacune évidente que le gouvernement peut et doit régler rapidement. L’absence d’un tel programme ralentit de façon notable le déploiement des bornes.
Dans le cas des employés du MAPAQ de Saint-Hyacinthe, il serait plus que temps que quelqu’un leur envoie le mémo indiquant qu’ils doivent installer des bornes de recharge, que le CGER peut les aider… et que leur ministre est lui-même propriétaire d’un véhicule électrique.