Actualités

Intervention policière: les personnes aux comportements violents prises en charge

Il y a 3 heures
Modifié à 16 h 06 min le 16 décembre 2024
Par Marie-Josée Bétournay, Initiative de journalisme local

mjbetournay@gravitemedia.com

Les intervenants du protocole d’entente : Isabelle Poirier, enquêteuse et coordonnatrice en violence conjugale au service de police de Châteauguay, Mario Trépanier, coordonnateur et intervenant Via l’anse, Marc-Olivier Châtelois, agent aux relations communautaires et médias, Ginette Séguin, directrice du service de police de Châteauguay, Nycolas Renault, directeur et intervenant chez AVIF ainsi que Nadia Grondin, agente aux relations communautaires et médias. (Photo : Le Soleil-Marie-Josée Bétournay)

Depuis la fin novembre, les personnes aux comportements violents bénéficient d’une prise en charge sur les lieux d’une intervention policière sur le territoire du grand Châteauguay. Cette action découle d’un protocole d’entente entre le service de police de Châteauguay (SPC) et les organismes AVIF et Via l’anse.

Sur les lieux d’une intervention, le patrouilleur en présence d’une personne aux comportements violents se doit, avec son consentement, de compléter et signer un formulaire et l’acheminer à l’organisme AVIF, sur le territoire de Châteauguay, ou Via l’anse, sur le territoire de Beauharnois. AVIF (Action sur la violence et intervention familiale) vient en aide aux hommes et adolescent·e·s désirant cesser l’utilisation de comportements violents, aux hommes vivant de la violence et ceux en difficulté. Via l’anse prévient «la violence conjugale et familiale en intervenant auprès des personnes à risque de comportements violents et par des activités de sensibilisation», recherche et formation.

Et la suite? «On rappelle la personne le plus rapidement possible. On va parler avec, échanger sur la situation qui a mené à l’arrestation. On va être dans une attitude d’écoute et d’ouverture dans le but d’expliquer [nos] services. Si elle est ambivalente, on va lui parler des autres ressources en attendant qu’elle fasse une démarche avec nous», mentionne Nycolas Renault, directeur et intervenant chez AVIF.

Cette action auprès des personnes aux comportements violents se devait d’être «une priorité», explique Isabelle Poirier, enquêteuse et coordonnatrice en violence conjugale au service de police de Châteauguay. «Les études démontrent qu’il va y avoir une récidive. Si ce n’est pas avec cette conjointe, ce sera avec une autre». Pour Mario Trépanier, coordonnateur et intervenant chez Via l’anse, «plus l’arrestation est récente, plus la détresse est élevée, plus il y a une motivation possible au changement». Selon Nycolas Renaud, la collaboration avec le service de police «resserre les liens, [offre] la possibilité de travailler différemment avec les auteurs [de comportements violents]» donnant ainsi des leviers supplémentaires à l’organisme.

Des dossiers référés

Depuis la fin novembre, de 5 à 10 dossiers de personnes aux comportements violents ont été référés à l’organisme AVIF. Via l’anse en a reçu un seul. «On ne s’attend pas à avoir 60 nouvelles références», souligne Mario Trépanier, en lien avec l’étroitesse du territoire.

Le SPC a recensé 369 dossiers de violence conjugale du 1er janvier au 13 décembre 2023. Durant la même période en 2024, le nombre de dossiers ouverts s’élève à 309, rapporte Nadia Grondin, agente aux relations communautaires et médias au service de police de Châteauguay. Il s’agit d’une première baisse des dossiers de violence conjugale, note Mme Poirier.

Le masculinisme inquiète

La montée du masculinisme inquiète les intervenants œuvrant auprès des hommes violents. Pour Mario Trépanier, ces personnes qui «se perçoivent en victimes du système» se tournent vers les groupes radicaux présents sur les réseaux sociaux plutôt que de consulter les organismes. «Il faut trouver la stratégie pour aller chercher leur détresse individuelle et voir comment ils peuvent se sortir de cette détresse», indique-t-il. «Je n’ai pas de solutions pour le moment, renchérit Nycolas Renault. Si on tombe dans la contre-argumentation, on perd notre temps. Pour les hommes qui utilisent des comportements violents, souvent c’est plus facile de pointer vers l’extérieur de la problématique et non vers soi. La piste que l’on a, c’est de les ramener à eux.»

D’autres mesures du service de police de Châteauguay en matière de prévention de la violence conjugale :

  • Création d’un dépliant de sensibilisation face à la violence entre partenaires intimes
  • Participation à des tables de concertation
  • Suivis des dossiers de violence entre partenaires intimes
  • Création d’un code d’événement concernant les incidents entre partenaires intimes
  • Formation en violence conjugale
  • Création d’une trousse opérationnelle pour les policiers patrouilleurs
  • Travail de collaboration soutenu avec les partenaires
  • Campagne de sensibilisation sur les impacts chez les enfants en contexte de violence conjugale
  • Participation à l’opération National Concerté en prévention de la violence entre partenaires intimes

Dernières nouvelles