Commerçante depuis plusieurs années dans la municipalité d’Ormstown, Debbie Brunette crie à l’injustice. Son entreprise a reçu une facture de 1 300 $ provenant de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) mais l’organisme refuse de la lui expliquer dans la langue qu’elle comprend, soit en anglais.
Mme Brunette ne souhaite pas relancer le débat sur la langue française. Par contre, elle mentionne qu’elle se sent bafouée. «J’ai appelé pour savoir pourquoi j’avais reçu cette facture. Le responsable m’a parlé en anglais jusqu’à ce que je donne mon numéro de dossier, informe Debbie Brunette. Par la suite, il m’a dit que mon commerce était situé dans une région francophone et que son département ne s’adressait pas en anglais dans notre région. Que si je voulais des informations, qu’il me parlerait uniquement en français.»
Envoyer un chèque de 1 300 $ sans savoir pourquoi n’est pas dans les mœurs de la famille Brunette. Le mari de la dame, Kenny Brunette, dit qu’il a l’impression qu’on essaie de profiter de lui à la CNESST.
«C’est incroyable, affirme-t-il. Ça envoie comme message : Ferme ta gueule et paie, mon anglais. En plus, on ne te dit pas pourquoi. Je veux bien payer s’il y a eu erreur mais nous sommes en droit le savoir. Le chèque de ma femme sera en anglais mais je suis certain que ça ne dérangera pas pour qu’il soit encaissé.»
Article 23 de la loi 101
Désirant connaître la raison que cette facture leur a été envoyée, le couple s’est tourné vers son comptable pour avoir des informations. Ce dernier a réussi à connaître la cause mais s’est aussi fait confirmer que la communication entre l’entreprise et la CNESST doit avoir lieu en français. «C’est fâchant, déplore Mme Brunette. On me dit que je ne peux pas être informé de mon dossier dans ma langue. Le pire, le fonctionnaire me parlait en anglais quelques secondes avant.»
Invité à commenter la situation, Pierre Turgeon, porte-parole et chef des relations de presse et de la rédaction à la CNESST, explique que l’organisme dispose d’une politique claire en matière linguistique.
«L’employé a bien agi, indique M. Turgeon. Notre politique est simple : nous nous adressons uniquement en français auprès des employeurs. Le seul temps où une entreprise peut avoir de l’information en anglais est si son siège social est à l’extérieur de la province.»
M. Turgeon pousse sa réflexion plus loin en mentionnant que le couple Brunette doit certainement avoir quelqu’un dans son entourage qui s’exprime en français. «Cette personne pourrait servir d’intermédiaire en nous appelant, précise-t-il. De cette façon, notre politique sera respectée et ils auront les informations qu’ils désirent.»
Une visite sur le site internet de la CNESST permet d’apprendre que seuls les travailleurs peuvent avoir accès aux services CNESST en anglais, en particulier pour tout ce qui concerne leurs droits et obligations.
Stephane Billette, député de Huntingdon trouve la situation particulière. Il tient à préciser qu’il invite les employeurs unilingues à le contacter à son bureau de circonscription si besoin il y a.
«Mon équipe fera les appels si nécessaire. Je trouve important que les gens de mon comté puissent être renseignés adéquatement donc, nous servirons de traducteur», souligne M. Billette.
