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La DPJ de la Montérégie consternée par les récentes révélations d'inconduites sexuelles

le jeudi 07 novembre 2024
Modifié à 14 h 27 min le 08 novembre 2024
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Des inconduites sexuelles auraient eu lieu au campus de Salaberry-de-Valleyfield des Centres jeunesse de la Montérégie. (Photo Journal Saint-François : archives)

Choquée, consternée, déçue et inquiète. Tels sont les termes utilisés par Marie-Josée Audette, directrice de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Montérégie au sujet des incidents qui ont éclaboussé son organisation récemment. Une organisation au sein de laquelle les employés font face à de nombreux défis qui impliquent de l’intimidation et de la violence.

Des cas d’inconduites sexuelles ont été dénoncés dans le réseau de la protection de la jeunesse récemment, notamment au campus de Salaberry-de-Valleyfield où une agente d’intervention aurait entretenu une relation intime avec une jeune hébergée. Une psychoéducatrice aurait également commis des actes de nature sexuelle et inappropriée à l’établissement situé sur la rue Jacques-Cartier. 

«Les événements rapportés qui sont survenus dans les dernières années et mois, pour nous, sont inacceptables et intolérables», a indiqué sans retenue Mme Audette.

Une véritable onde de choc s’est propagée dans le réseau. Le genre de réaction qui a amené l’équipe à repréciser les attentes de ses employés et les inciter à la vigilance.

«La première chose a été de se regarder nous-mêmes, a-t-elle continué. On a voulu vérifier si on avait des zones d’ombre. On a fait la revue de nos façons de faire, que ce soit dans les embauches, la formation ou la sensibilisation.»

Le travail entrepris permettra d’établir un plan d’amélioration continue. Mais au-delà de ce processus, Mme Audette a rappelé à son équipe l’importance de communiquer et dénoncer selon la situation. 

«Le réseau n’est pas sur le point d’exploser, réitère-t-elle. Mais le réseau est pris à partie.»

Marie-Josée Audette, directrice de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Montérégie, a indiqué que son équipe avait réagi rapidement vis-à-vis les gestes reprochés à certains employés. (Photo Journal Saint-François : archives)

Des clientèles en réaction

En Montérégie, quelque 5000 jeunes sont concernés par la DPJ, dont plus de 1500 dans les différents lieux d’hébergement. On parle de jeunes qui ont vécu des traumatismes, qui ont des comportements violents, qui sont des fugueurs ou des contrevenants détenus en attente de procès.

«Ce sont des enfants extrêmement souffrants qui ont vécu des choses épouvantables, soutient la directrice. Ils sont blessés et réagissent de certaines façons. Certains sont extériorisés et violents; d’autres s’en prennent à eux-mêmes que ce soit par automutilation ou des pensées suicidaires.»

Sous pression

Avec des enfants, mais aussi des parents en grande souffrance, les employés servent souvent de paratonnerre.

«On remarque une hausse de comportements violents à l’égard de notre personnel, partage Mme Audette. Il y a un mouvement de haine. Ce qui provoque un enjeu de main-d’œuvre que ce soit dans la rétention et l’attraction.»

Par comportements violents, elle fait référence à de l’agressivité verbale des usagers et de leurs parents, de désorganisation importante ainsi que parfois, mais rarement de violence physique. 

La réputation des intervenants est atteinte, au point où certains quittent le navire. «Ces gens savent qu’ils peuvent faire une différence dans la vie des enfants et des parents, souligne-t-elle. Mais ils décident qu’ils ne veulent plus être victimes de violences. Ils quittent avec regret, parce qu’ils ont leur emploi à cœur.»

Des départs malgré le soutien psychologique et beaucoup d’accompagnement offerts par l’employeur, assure-t-elle.

Des victoires

Mme Audette œuvre dans le réseau de la protection de la jeunesse depuis 36 ans. Pour elle, la mission de la DPJ est essentielle. 

À travers les récents événements qui ont pu choquer, il reste des actions qui permettent d’entrevoir le côté positif de la DPJ.

«Je pense à des situations d’adoption, note-t-elle. Quand tout a été mis en place pour appuyer les parents biologiques dans leur rôle, mais qui conviennent que le meilleur intérêt de l’enfant, c’est de le confier. On en a des dizaines d’enfants par année qui évoluent dans un milieu sain. Ou des enfants en centre de réadaptation pendant que leurs parents ont développé des compétences et qui peuvent enfin être réunis. C’est aussi ça, la protection de la jeunesse.»