On ne le répétera jamais assez: des hivers doux comme celui de 2016 commandent une extrême prudence pour ceux qui osent s’aventurer sur un plan d’eau glacé comme la baie Saint-François à Salaberry-de-Valleyfield. Parlez-en à Michel et André Brunette, deux Campivallensiens qui ont eu la peur de leur vie lors d’une récente promenade destinée à être sans histoire.

Les liens naturels entre frères ont pris toute leur signification pour ces deux riverains de longue date du boulevard du Havre qui ont vu la glace céder sous leurs pieds dans des circonstances aussi inattendues que dramatiques. Habitués aux conditions météo et rassurés par un voisin immédiat concernant l’épaisseur de la couche de glace,  les frères Brunette n’ont pas hésité à prendre une marche en début de soirée, le mardi 19 janvier.

Ils ont déambulé sans problème sur la baie en demeurant à une dizaine de mètres des rives jusqu’à ce que le malheur frappe à la hauteur de la rue Bay, non loin du parc Cauchon. Michel Brunette a été le premier à s’enfoncer dans les eaux glaciales de la baie sous les yeux de son frère. A peine quelques secondes plus tard, ce fut au tour d’André de subir le même sort. Ces baignades imprévues se sont avéré une aventure qui a été rien de moins qu’une lutte pour leur survie.

«J’avais de l’eau jusqu’au cou et je me suis débattu en brisant la glace pour essayer de regagner un des quais», raconte Michel Brunette. «J’ai fait de même en évitant de paniquer mais j’étais pleinement conscient que je n’avais pas plus que 4 à 5 minutes pour sortir de l’eau», de renchérir André Brunette.

Ce dernier est parvenu à rejoindre la rive après quelques minutes de combat, mais il a rencontré une difficulté supplémentaire avant de remonter sur la terre ferme. «J’étais à bout de bras pour tenter de grimper sur le bord, je n’avais rien pour m’agripper et j’avais les mains gelées», a relaté le commerçant bien connu.

Heureusement, André Brunette a réussi tant bien que mal à embarquer sur le quai et ce, juste en temps pour sauver son frère. «J’ai tiré de toutes mes forces en me donnant un élan et j’ai pu ramener Michel sur le quai. Tous les deux étendus, on s’est regardés en sachant qu’on venait vraiment de l’échapper belle.»

Le frère aîné, Michel est très conscient de la chance qu’il a eue. «Si on avait été à 50 pieds du bord, oubliez-ça. Jamais on aurait pu rejoindre la rive et on ne serait pas ici à vous parler aujourd’hui», affirme-t-il. «Dans une telle situation, c’est l’adrénaline qui te transporte. Je n’ai même pas senti  l’eau froide jusqu’à ce qu’on soit hors de danger sur le quai.»

André Brunette reconnaît quant à lui que son regard sur la baie ne sera plus jamais le même. «C’est beau, un site exceptionnel. Nous sommes riverains depuis une vingtaine d’années et nous en avons tellement profité l’hiver en faisant des patinoires en plus de nos marches quotidiennes. Toutefois, depuis notre mésaventure, le mot d’ordre est la prudence. Il n’y a aucun risque à prendre avec une glace qui est potentiellement trop mince», devait-il prévenir.