La liberté de la vanlife pour Pierre Pilon
À l’aube de ses 60 ans, Pierre Pilon dit vivre les plus belles années de sa vie. Sa Chevrolet Astro représente son îlot de liberté. Il vit la vanlife à fond, même en hiver, ce qui lui permet de rêver à ses prochaines destinations dans sa maison mobile.
«Bienvenue chez nous», lance-t-il à l’auteur de ses lignes en ouvrant la porte coulissante de son domicile.
Celui-ci était alors garé dans le stationnement du Excel Gym. Sa brassée de lavage tournait dans une laveuse du centre de conditionnement physique pendant l’entretien.
«Je ne vois plus la vie comme avant, fait-il remarquer. Avant, je roulais à 100 m/h sur ma moto. Je fais les mêmes roadtrips avec mon van, sur des routes que j’ai pris 1000 fois, mais je l’apprécie bien plus qu’avant.»
Il a adopté un mode de vie minimaliste et nomade il y a déjà un certain temps. «Je voyais des gars comme Pascal Marquis ou Dominick Ménard sur YouTube; la vanlife, tout le monde avait l’air heureux, explique-t-il. En y réfléchissant, j’étais chez moi juste pour dormir.»
La route ne l’effraie pas, lui qui travaille comme livreur. Véritablement, son univers est une voiture. Et des paysages. Il a pu découvrir la Gaspésie pendant un mois sans soucis.
Récemment, à Sainte-Agathe, il a loué une chambre avec un lit, dans un spa. «Ça me manque de regarder le football, mais pas au prix de payer 1000 $ de loyer.»
L’essentiel dans sa valise
Au fil du temps, Pierre Pilon s’est créé des habitudes de vie. Il dit avoir cinq spots différents dans la Ville pour passer la nuit. Parmi les critères, être un endroit public et éclairé. Le stationnement de l’église de Saint-Timothée est un bon endroit.
«Un voisin craintif est venu me voir, a souligné le nomade. Il est devenu un ami qui m’offre de l’aide, comme me brancher pour l’électricité.»
Tout ce qu’il possède se trouve dans sa valise, placée derrière le siège du conducteur. La banquette arrière est son lit. Il peut déployer une petite table pour ses repas, essentiellement des menus préparés d’épicerie ou de la restauration.
Pierre Pilon devant son nouveau van, un véritable paradis assure-t-il. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)
Pour ses besoins personnels, les toilettes publiques lui permettent de se soulager. Le même endroit peut servir pour une toilette rapide et se brosser les dents. La douche du Excel Gym lui est aussi accessible.
L’homme aux qualités rassembleuses qui vouait une religion aux Bruins de Boston passe désormais ses soirées à écouter le Canadien à la radio.
Le défi hivernal
L’hiver, il fuyait le froid et la grisaille pour Cuba. Sauf qu'il revenait au pays au mois de mars. Parfois, le froid sévissait toujours.
Il a vécu des périodes difficiles, ponctuées de verglas, de neige et de froid. Mais jamais, il ne s’est découragé. Il agissait ainsi avec un objectif précis. «Je suis toujours bien préparé avec des plans B, C ou D, assure-t-il. Et, je n’ai jamais oublié pourquoi je le faisais. C’était pour aller à Cuba.»
La veille de l’entrevue, une bonne quantité de neige était tombée du ciel. «La neige sert d’isolant, a-t-il affirmé. Quand il neige, il fait plus chaud.» Une petite chaufferette contribue quand même à augmenter la chaleur de l’habitacle par moment.
Il tient toutes les variations de température dans un carnet. Il sait le nombre de Celsius qu’il faisait à son coucher et la différence à son réveil. Parfois, il s’agit d’une chute de 20 °C.
«Il n’y en a pas beaucoup qui vivent l’hiver en vanlife, fait-il remarquer. Certains me trouvent fou.»
Pierre Pilon jure qu’il ne mettra jamais sa vie en danger. Il existe une communauté d’entraide parmi ces gens qui adoptent ce mode de vie. Sa famille, qui lui a exprimé ses inquiétudes au départ face à ce choix de vie, est également soutenante.
Cuba, ne représente plus son idéal. L’Arizona et le Nouveau-Mexique se dessinent sur sa route. Il ne dispose pas des moyens des youtubeurs populaires qui vivent de la vanlife. Mais il apprécie chaque instant de sa nouvelle route. Assez qu’il dit, mi-blagueur, mi-sérieux, vouloir devenir le «Dominic Arpin des pauvres.»
«Je vis les plus belles années de ma vie, soutient Pierre Pilon. Ça me prend de l’aventure, une grotte, une montagne, etc. J’aime ça bouger. Je regarde beaucoup le monde et je n’envie pas personne.»