La Ville de Salaberry-de-Valleyfield bloque volontairement la reconstruction du bar Aramis, détruit par un incendie le 3 octobre 2015. Le dossier devra donc être tranché par un juge.
Le propriétaire de la bâtisse, Roberto Rozakis, dispose d’un droit acquis pour la reconstruction. Cependant, l’administration municipale souhaite se porter acquéreur de l’endroit afin de poursuivre son projet d’aménagement urbain Convercité, présenté en 2012. Dans le plan présenté, le commerce de M. Rozakis n’y figure pas, le site ayant fait place à des unités de logement.
Afin de s’assurer que Roberto Rozakis ne procède pas à la reconstruction de son établissement licencié, qui a été démoli à la suite d’un incendie de nature électrique, la Ville de Salaberry-de-Valleyfield a adopté une motion le mardi 16 août, afin de renouveler son imposition de réserve foncière sur le terrain situé au 75 rue, Alphonse-Desjardins.
Une réserve foncière a pour effet d’interdire des investissements de la part des propriétaires, investissements qui feraient augmenter les coûts éventuels d’acquisition par la municipalité. «Une réserve foncière, cela gèle l’évaluation, explique le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Denis Lapointe. Dans ce cas-ci, rien ne dit que le propriétaire souhaite réellement reconstruire. Nous avons besoin de ce terrain pour notre projet de Convercité donc, il y aura éventuellement une expropriation. Comme c’est contesté par le propriétaire, c’est un tribunal qui va décider.»
Un appel logé à la résidence de Roberto Rozakis a permis au Journal Saint-François d’apprendre que l’homme de 74 ans ne compte pas s’avouer vaincu. «Nous avons confié le dossier à une firme d’avocats, explique la conjointe de M. Rozakis. Nous avons un droit acquis, mais la Ville de Salaberry-de-Valleyfield bloque volontairement nos démarches. Elle va sûrement faire traîner le dossier longtemps dans le but de nous faire dépenser de l’argent. Maintenant, c’est les condos qui comptent pour le conseil municipal.»
La dame soutient que son conjoint a respecté toutes les demandes faites par la Ville depuis l’incendie. «Nous avons demandé le permis de démolition, nous avons payé les frais et nous sommes en attente depuis ce temps. L’avocat de la Ville nous a avertis d’un avis d’expropriation, mais Roberto est en désaccord. Mon conjoint a toujours payé ses choses. Le bar était beaucoup plus propre que bien des immeubles à Salaberry-de-Valleyfield.»
Notons finalement que Roberto Rozakis est le dernier à titulaire d’un permis pour la présentation de spectacles de nudité à Salaberry-de-Valleyfield dans le centre-ville. Le lendemain de l’incendie qui a détruit son commerce, Martin Pharand, directeur du Service d’urbaniste et des permis à la Ville de Salaberry-de-Valleyfield, faisait savoir qu’il y a quelques années, le conseil municipal a entériné une motion interdisant la tenue d’un bar de danseuse dans la ville. «Nous n’avons pas le droit de prohiber un usage. Ouvrir un bar de danseuses nues à Salaberry-de-Valleyfield, c’est permis, par contre, l’établissement devra être situé dans le parc industriel», exposait M. Pharand.
