Le directeur du port congédié dans des circonstances nébuleuses
En poste depuis 2017, le directeur général du port de Valleyfield, Jean-Philippe Paquin, a été démis de ses fonctions, en marge d’une résolution adoptée par le conseil municipal à cet effet le 24 février, en assemblée spéciale.
Cette décision faisait suite à une résolution adoptée la veille par le conseil d’administration de la Société du port.
Questionné à ce sujet, le président du conseil d’administration de la Société du port, Roland Czech, a confirmé la résiliation du contrat du directeur général, sans toutefois vouloir émettre quelconque commentaire quant aux raisons de ce congédiement. Même son de cloche du côté du maire Miguel Lemieux, à qui l’on a posé la question à l’issue de l’assemblée régulière du 14 mars.
Il dénonce un cas d’ingérence
Quant au principal intéressé, Jean-Philippe Paquin, celui-ci explique qu’il avait exprimé le 18 février aux membres du CA son insatisfaction quant à l'ingérence abusive et une inquisition dont il avait fait l’objet de la part du président du CA, dans la gestion de la Société du port.
«Le rôle du président est strictement non-exécutif, il dirige le conseil d'administration, mais n'est pas censé se mêler de la gestion, rappelle M. Paquin. Le CA peut poser des questions et demander de l'information, mais le président ne peut pas agir de sa propre initiative et soumettre le directeur à une telle inquisition, qui est en violation claire de la politique de la SPV contre l'intimidation et le harcèlement. Je ne contestais pas seulement les questions posées, qui peuvent être des actes de bonne gestion et de bonne gouvernance, mais surtout la nature et l'approche que je qualifierais de "carnassier" qui a été employée.
Selon lui, ce congédiement est le résultat d'une «démarche vindicative et d'une vendetta personnelle» du président, que les membres du CA ont suivi comme des moutons, soutient-il.
M. Paquin n’écarte pas la possibilité d’intenter une poursuite contre la Société du port dans ce dossier. Il cite en exemple les déboires de la directrice-générale du Musée des Beaux-Arts de Montréal, Nathalie Bondil, avec son président de CA. Mme Bondil avait obtenu une indemnité de 2M$.
Il fait valoir que les finances de la Société sont meilleures qu'elles n'ont jamais été, que de nouveaux records de tonnage, de revenus et de profits sont enregistrés chaque année depuis son arrivée en 2017. «Il n'y avait aucun historique de désaccords entre l'équipe de gestion du port et le conseil d'administration, qui était au contraire élogieux de notre travail», assure-t-il.
Ce départ inattendu survient alors que d’importants dossiers sont à l’agenda des autorités portuaires évoque M. Paquin, notamment les études environnementales sur le projet de nouveau quai, les travaux de l’entrepôt de sel, de même que le non-renouvellement du bail de la société Valport.
La Société du port doit aussi se défendre dans une poursuite de 1,3 M$ intentée à son endroit par l’entreprise Marine International Dragage.
Diplômé de l’Université de Columbia (États-Unis), où il avait obtenu un MBA après un Baccalauréat en ingénierie à l’École Polytechnique de Montréal, M. Paquin avait notamment travaillé sur plusieurs projets en Amérique du Nord, en Europe et en Afrique avant son entrée en poste à Valleyfield, en plus d’avoir agi à titre de directeur stratégie au Port de Montréal.