Le docteur Jean Wilkins a fait figure de précurseur

Le docteur Jean Wilkins, qui a grandi à Salaberry-de-Valleyfield, sera honoré pour l'ensemble de son œuvre en médecine et il deviendra Chevalier de l'Ordre national du Québec lors d'une cérémonie, le 22 juin, à l'hôtel du Parlement.
Le Campivallensien d'origine est au nombre des 34 Québécois et Québécoises d'exception dont les réalisations dans leur sphère d'activité seront mis en lumière.
Dr Wilkins a fait figure de précurseur en ce qui concerne la médecine de l'adolescence, une sous-spécialité qu'il a fait rayonner largement à partir de l'Hôpital de Sainte-Justine à Montréal. Le pédiatre et professeur titulaire à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal a fondé une section spécifique aux troubles de la conduite alimentaire en 1974, ce qui a constitué une première dans le milieu médical francophone.
Depuis le début de sa carrière de plus de 40 ans, Dr Wilkins a soigné avec succès quelque 2500 adolescentes anorexiques grâce à sa méthode douce et individualisée sur laquelle se sont calqués plusieurs intervenants au Québec et dans la francophonie. Tout au long de son parcours, il a été très présent dans les médias parlés et écrits à propos des maladies touchant les jeunes, particulièrement l'anorexie mentale de l'adolescente. Il a produit une foule d'outils éducatifs et formatifs, notamment en publiant un livre intitulé «Adolescentes anorexiques» en 2012.
Dans cet ouvrage, Dr Wilkins préconise une approche humaine axée sur la qualité du lien qu'il établit avec les jeunes patientes au lieu de traiter l'anorexie à l'aide de médicaments tels que les antidépresseurs. «Les adolescentes anorexiques m'ont toujours fasciné par leur authenticité et leur force de caractère. Devant ces jeunes filles, j'ai considéré dès le départ que mon rôle premier était de les amener à se protéger et à reconstituer leur identité mise à mal», affirme le médecin âgé aujourd'hui de 70 ans.
Dr Wilkins considère qu'il faut créer un environnement thérapeutique dans lequel les patientes se sentent à l'aise et respectées dans leur individualité. «Les contraindre à se soigner ne sert à rien. Chacune doit comprendre par elle-même l'importance et l'urgence de guérir», propose-t-il. Selon les dernières statistiques, les hospitalisations pour obsessions alimentaires ont bondi de 44% depuis 2008 au CHU Sainte-Justine.
Quand Dr Wilkins a ouvert son unité de médecine destinée aux adolescentes, les jeunes filles anorexiques ont afflué rapidement. «Personne ne voulaient d'elles. J'ai décidé de les accueillir», rappelle celui a fait son cours classique au Collège de Valleyfield avant de poursuivre ses études universitaires.
A l'aube de la retraite, Dr Jean Wilkins aura marqué le domaine médical par ses idées novatrices et il sera gratifié pour son apport à l'avancement de la société.