Malgré les effets que pourrait engendrer la présence de plus en plus importante de la carpe des roseaux dans le fleuve Saint-Laurent, de nombreux pêcheurs considèrent comme «extrême» l’interdiction décrétée par le ministère (MFFP) d’avoir recours aux poissons d’appât vivants.

Dans un communiqué publié mercredi, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs confirme officiellement la présence de carpes de roseaux dans le fleuve, à la lumière de l’étude réalisée par le Dr Louis Bernatchez de l’Université Laval.

«Les carpes asiatiques génèrent des impacts majeurs sur les milieux qu’elles colonisent. Le Ministère est très préoccupé par leur présence dans les eaux québécoises et il continuera d’agir sur plusieurs fronts afin de limiter leur propagation, en ciblant des actions prioritaires», peut-on lire.

En conséquence, pour  limiter la propagation de pathogènes et d’espèces aquatiques envahissantes, le Ministère entend poursuivre l’implantation de saines pratiques de nettoyage des embarcations et de gestion de l’eau des viviers. Une attention particulière sera également portée à la gestion des barrages et des passes migratoires afin de limiter la propagation de carpes asiatiques du fleuve Saint-Laurent vers les eaux intérieures.

Interdiction des appâts vivants

Par contre la nouvelle règlementation qui interdit d’utiliser des poissons appâts vivants en période hivernale partout au Québec suscite de vigoureuses réactions dans le milieu des pêcheurs.

Guide de pêche professionnel sur les lacs Saint-François et Saint-Louis, Nicolas Gendron n’hésite pas à qualifier cette mesure «d’extrême». Il craint qu’elle engendre plutôt des impacts négatifs sur l’industrie, alors que 90% des pêcheurs sur glace ont recours à des ménés vivants.

«Je ne crois pas que ce soit la meilleure solution, dit-il, surtout si nos voisins de l’Ontario n’adoptent pas de mesures similaires.»

Le propriétaire de la boutique Propac, de Coteau-du-Lac, Bertin Desrosiers, se veut encore plus incisif et qualifie cette mesure de «plus grande imbécillité» qui soit à l’égard de l’industrie de la pêche.

Celui-ci estime d’une part que la carpe asiatique se nourrit des fonds marins et non pas de ménés en circulation. De plus, les plans d’eau n’ont pas de limites territoriales. «C’est invraisemblable, l’interdiction prévaut pour celui qui pêche à Rivière-Beaudette, mais pas en Ontario, à 100 pieds plus loin. Même chose sur la rivière des Outaouais, séparée entre les rives à Montebello au Québec et Lefebvre en Ontario.»

Le guide Nicolas Gendron se montre quant à lui moins alarmiste face à la présence de la carpe asiatique. «Il y a quelques années, on avait peur de l’arrivée des gobies et des moules zébrées dans nos eaux, alors que leur impact est moins pire que prévu», dit-il.

Il émet aussi des réserves quant au contrôle de la nouvelle règlementation, alors que la présence d’agents de la faune n’a jamais été aussi faible sur nos eaux, selon lui, à la suite des coupures budgétaires.