Yvan Bourbonnais pense qu’il n’avait pas encore 10 printemps derrière lui quand il a vécu ses premières Régates de Valleyfield, au début des années ’50, du temps où les «galettes» s’élançaient sur la baie Saint-François depuis la Pointe-aux-Anglais.
En faisant le calcul, on constate que l’homme né en 1943 a probablement assisté à ses 64e Régates, plus ou moins une année, le week-end dernier. Sa présence assidue à l’événement motonautique couvre pas moins de 7 décennies et n’essayez pas de lui en faire manquer une.
Si le nom semble familier pour les lecteurs, oui, Yvan Bourbonnais est l’oncle et le parrain de l’auteur de ces lignes. Alors, les liens familiaux peuvent facilement expliquer cette passion pour le sport le plus rapide sur l’eau.
Yvan, le garçon, partait à pied de la résidence familiale située sur la rue Ellen à Salaberry-de-Valleyfield pour aller voir les courses. «Mon père, qui travaillait en face chez Gosselin (quincaillerie et clos de bois), n’avait pas d’auto. J’allais aux Régates avec des amis, dont André Plante qui fait toujours de la rénovation aujourd’hui», raconte celui qui a vu le jour dans le secteur Pont Château de Coteau-du-Lac avant de déménager dans la Venise-du-Québec à l’âge de 4 ans.
«Les régates, c’est de génération en génération dans la famille», réaffirme le retraité du domaine bancaire, qui demeure à Dollard-des-Ormeaux depuis une cinquantaine d’années, ayant quitté la ville pour des motifs professionnels à l’âge de 21 ans.
Marc-André Bourbonnais, son fils, Anne-Renée, sa fille, et son conjoint Gino Culpepper, sont au rendez-vous chaque année. Marie-Pier, qui habite la région de Niagara Falls (Ontario), était dans les sièges réservés pour la première fois cette année avec son garçon de 6 ans, Olivier. Le petit est tombé en amour avec les Régates l’an passé alors qu’il était accompagné de son père, Alex Nadon, producteur de télévision pour des spectacles comme les «Junos».
Interrogé à propos de son pilote favori, «oncle» Yvan n’hésite pas à prononcer le nom de Robert Théorêt, qu’il connaît bien. C’est que le légendaire champion habitait sur la même rue (Ellen) que les Bourbonnais à l’adolescence. «Bien avant les hydroplanes, Robert conduisait son kart à gaz à pleine vitesse dans la rue», a relaté le septuagénaire, qui a été témoin de d’autres événements motonautiques au fil des années, notamment à Littleton (New Hampshire) en 1986.
En ce qui a trait aux faits saillants imprégnés dans sa mémoire, Yvan mentionne le terrible accident survenu en 1984 quand le bateau Grand Prix de Jules Leboeuf (Transport Leboeuf GP-1001, ex-Golden Nugget) a frappé une mauvaise vague avant de piquer du nez, laissant de gros morceaux de bois dans la baie et causant des blessures à Jules «The Foot» Leboeuf.
Il se souvient également de la perte de contrôle de l’embarcation noire de classe Grand Prix «The Shadow» qui avait frappé un quai voisin de la propriété (à l’époque) de la famille Malouin, à l’extrémité «Est» de la baie, à la suite d’un bris du gouvernail et ce dans les années ’70.
Il raconte la finale du Grand Prix de 1970 à son filleul
Acheteur de 10 passes d’estrade au bas de la tour pendant plusieurs années et maintenant détenteur de 7 bracelets avec forfait de la fin de semaine, Yvan peut s’enorgueillir d’avoir initié plusieurs éventuels «régateux» aux courses d’hydroplanes depuis les années ’50. Des gens de Rawdon, incluant l’ex-beau-père de son fils Marc-André, Paul Ste-Marie, sont devenus de véritables mordus depuis qu’ils ont goûté à la crème des compétitions motonautiques lors des 75e Régates de Valleyfield.
Votre humble serviteur se rappelle des Régates mondiales en 1967 quand à l’âge de 9 ans, il était en compagnie de ses parents et de son oncle Yvan sur le terrain de Docteur Earl Bourbonnais, cousin de mon regretté père, sur les berges du boulevard du Havre à la hauteur de la rue Virginie, à l’époque des parcours d’un mille et deux tiers.
Autre petite anecdote, 1970 est la seule année où votre écrivain a raté les finales du dimanche aux Régates de Valleyfield. Réprimandé pour avoir passé outre la directive parentale le samedi, soit de ne pas rentrer à la maison plus tard que 15 h chez sa marraine en l’absence des parents, votre pauvre journaliste (!!!) a été dans l’obligation de prendre la direction du chalet familial à Saint-Michel-de-Wentworth (près de Brownsburg). Oncle Yvan avait eu la chance d’assister le dimanche à la victoire du floridien Charlie Dunn à bord du «Miss Washington» dans l’épreuve ultime des 32e Régates et c’est lui qui avait fourni tous les détails de la course à son filleul dès son arrivée au chalet le lendemain de la finale Grand Prix.
En guise de conclusion, «Le Journal Saint-François» fait des recherches chaque année pour trouver des histoires entourant des gens qui viennent aux Régates depuis nombre d’années. Bien souvent, les meilleures sont dans notre cour, nos familles. Il suffit uniquement de s’arrêter et d’y réfléchir…
