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L'odyssée de la famille Brault se poursuit

le jeudi 07 juillet 2016
Modifié à 0 h 00 min le 07 juillet 2016
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

Rien de plus rassembleur qu'un projet familial pour tisser davantage les liens qui unissent les membres d'une même lignée.

Pour la famille Brault de Saint-Étienne-de-Beauharnois, le sport motonautique transcende les générations et cet attachement à l'hydroplane s'est manifesté depuis décembre 2014 avec la restauration du bateau qui a porté l'étiquette de champion canadien il y a plus de 30 ans.  

Luc Brault a mené «L'Odyssée» CS-68 au titre national de la classe 2,5 litres en 1982 et l'année suivante, quand le pilote a été impliqué dans un accident aux Régates de Tonawanda (N.Y.), l'embarcation a été vendue à un compétiteur américain du Massachusetts, Warren Ignacio. Le week-end prochain, aux 78e Régates de Valleyfield, Luc et son fils Gabriel auront la chance de conduire le bijou de famille qui sera l'un des quelque 30 bateaux «Vintage» à sillonner les eaux de la baie Saint-François.

Structure intégrale

La coque de bois a sombré dans l'oubli jusqu'à ce que Gabriel Brault entreprenne des démarches pour rapatrier l'hydroplane fabriqué à l'époque par le Néo-Zélandais Peter Knight Jr. «Trouve-le et on va aller le chercher», a lancé l'oncle de Gabriel, Ronald Brault, lui-même un ex-champion qui a accroché son casque en 1991.

Deux semaines plus tard, contre toute attente, le bateau a été retracé chez Joe Cyr qui l'avait acheté du propriétaire d'un restaurant de la chaîne «Pat's Pizza» à Orono dans l'état du Maine. Le fortuné octogénaire a accepté de laisser partir l'embarcation pour «un prix ridicule» et «L'Odyssée» a été rapatriée le 1er avril 2015.

«Le bateau était au 2e étage dans une grange et nous avons trouvé des carcasses de mulots à l'intérieur», relate Gabriel Brault. Étonnamment, même si la coque de conception «Kiwi» était rangée depuis 15 ans, la structure de bois était intégrale. De plus, le moteur original, un «Pinto» 1971 de 2000 cc, a démarré du premier coup au retour à Saint-Étienne.

Roger Brault, le grand-père de Gabriel, s'est donné pleinement dans le projet, travaillant 7 jours par semaine pendant plus de 5 mois pour refaire une beauté à «L'Odyssée». «C'est certain qu'il a tout de même fallu renipper le bateau. Nous l'avons décapé et les "decks" ont été ouverts pour redoubler les lattes de bois. Le moteur a également été rafraîchi», de signifier le mécanicien à la retraite âgé de 82 ans. «Ça passait le temps. Mon épouse Florette est décédée en avril 2012», a indiqué M. Brault.

Même sensation

Le moment venu de tester la machine, Luc Brault a poussé l'authentique «CS-68» à plus de 85 m/h (136 km/h) le 4 mai dernier sur les flots du canal de Beauharnois à la hauteur du pont de Saint-Louis-de-Gonzague. «C'est pareil comme autrefois. J'ai ressenti la même sensation, l'adrénaline», a confié celui qui a piloté trois années sur le circuit motonautique.

Gabriel, qui a été la bougie d'allumage de cette expérience familiale, s'est payé la traite à son tour. «C'est l'fun en sac… J'ai "trippé" au boutte. Je l'ai senti se remplir d'air et flotter. Je comprends pourquoi ça devient une drogue. J'aimerais l'amener à 90 m/h», a exprimé le monteur d'acier de métier.

Dans la fleur de l'âge à 27 ans et futur papa, Gabriel précise toutefois qu'il n'est pas prêt à aller aux courses. «J'ai la passion mais pas le portefeuille. L'idée principale était surtout de s'inscrire à Valleyfield en tant que "vintage". J'ai vraiment hâte», de dire celui qui partagera le volant de «L'Odyssée» avec son père, les 15, 16 et 17 juillet.

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