Nouveaux condos sur Grande-Ile: «Un éléphant comme voisin»

Un des résidents de l’avenue Grande-Ile se retrouve avec des balcons qui surplombent directement sa piscine. (Photo Journal Saint-François - Mario Pitre)
Avec la crise du logement qui amène la construction de plusieurs nouvelles habitations un peu partout à Salaberry-de-Valleyfield, des résidents de l’avenue Grande-Ile ont vu pousser des condos sur leurs propriétés voisines au cours des derniers mois. Des immeubles qui empiètent sur leur intimité et leur qualité de vie, déplorent-ils.
Jean-Denis Legault habite au même endroit depuis plus de 20 ans. Il a été stupéfait à son retour de vacances dans le sud en apercevant l’immeuble qui allait dorénavant lui tenir de voisin. «On savait que le bâtiment allait pour être construit sur le terrain voisin, mais quand on a vu ça, ça nous a sauté en pleine face», raconte-t-il.
L’immeuble de 12 logements comporte 8 balcons dont certains surplombent directement sa piscine creusée. «Avant, il y avait trois arbres matures à cet endroit, rappelle-t-il. Je ne peux pas croire qu’on puisse manquer autant de respect à notre intimité.»
Deux maisons plus loin, côté nord, Roger Demers subit cette même présence envahissante. «C’est comme si j’avais maintenant un éléphant à côté de chez nous», image-t-il, lui qui a grandi sur sa propriété dès 1965 avant de l’acquérir et y opérer son commerce en systèmes de sécurité.
Nouveaux condos côtoient les maisons d’origine sur l’avenue Grande-Ile. (Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)
Non loin de là, Marie-Pier Gosselin a vu deux immeubles de 12 logements érigés à côté de chez elle, dont le plus près est accoté à la limite de son terrain. «On a dû faire couper deux beaux érables centenaires, dont un à mes frais, parce qu’ils nuisaient à la réalisation du projet, dit-elle. Notre propriété perd de la valeur mais notre compte de taxes a augmenté… c’est ridicule.»
(Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)
Tous trois ont confié ressentir une même impression, celle qu’on souhaite les tasser pour permettre la construction d’encore plus de logements, au bénéfice de grands propriétaires. Comme si leurs anciennes maisons, même rénovées, n’avaient plus leur place à cet endroit.
Zonage inchangé depuis des décennies
Interpellée à ce sujet, la conseillère du district Grande-Ile, Lyne Lefebvre, se montre empathique à la situation que vivent ces Grandilois d’origine. Le problème, selon elle, c’est que le zonage en vigueur sur cette artère n’a pas changé depuis l’ancienne Municipalité de Grande-Ile.
«C’est un secteur zoné pour des immeubles à étages et commercial, avec de grands terrains en profondeur. Celui-ci n’avait jamais posé de problèmes jusqu’à tout récemment, alors qu’on a eu plusieurs demandes pour des constructions d’immeubles à logements», note-t-elle.
Tout indique que les autorités ont été prises de court face à ce développement soudain. Mais d’un autre côté, d’autres propriétaires du même secteur ont quant à eux tiré profit de la vente de leur propriété à gros prix, à des promoteurs immobiliers.
«On comprend que les gens soient froissés, mais on travaille néanmoins avec notre service d’urbanisme pour tenter d’atténuer les effets de cette situation», concède Mme Lefebvre.