OVHcloud : un nuage informatique de plusieurs centaines de millions $ à Beauharnois
Depuis 10 ans, OVHcloud a redonné vie à d’anciens locaux de l’aluminerie Alcan. Entre 100 millions $ et 1 milliard $ ont été investis dans ce gigantesque centre de données. Un secret bien gardé de hautes technologies et d’initiatives vertes.
OVHcloud s’est implanté dans le paysage industriel après que la municipalité ait accusé quelques coups durs au plan industriel. L’entreprise embauche 80 emplois directs auxquels s’ajoutent une vingtaine de travailleurs indirects. Près de 50 employés issus de partenaires d’affaires travaillent aussi sur ce perpétuel chantier.
Le site de Beauharnois possède la particularité d’avoir deux volets. D’abord, un centre de données au sein duquel des entreprises privées, des entités du secteur public, des sites transactionnels ou des joueurs en ligne utilisent les serveurs pour stocker des données; sensibles ou non.
«On garantit que les données seront hébergées de façon sécuritaire et confidentielle, affirme le chargé de communication Guillaume Gilbert. Notre métier est de sécuriser l’infrastructure. Ensuite, le client y ajoute ses briques.»
Chaque client remplit des fiches de conditions d’utilisation. Il est cependant arrivé que des pirates aient utilisé les serveurs ou que des images pédopornographiques y soient déposées. M. Gilbert souligne que l’entreprise n’est pas là pour contrôler ce qui se retrouve sur les serveurs. Mais qu’elle travaille main dans la main avec les autorités locales si une demande est formulée.
La sécurité est d’ailleurs vitale. À Beauharnois, plusieurs contrôles sont nécessaires avant de visiter les lieux. Deux sas sont calibrés selon le poids de chaque personne. Si la consigne n’est pas respectée, celle-ci se retrouve emprisonnée entre deux portes.
Expertise régionale
À Beauharnois, on construit aussi des serveurs. À un rythme de plus de 500 par semaine; jusqu’à 1000 à un certain moment. Des équipements utilisés au Canada, mais aussi expédiés ailleurs aux États-Unis.
«On fait de l’économie verticale en un seul site, mentionne Patrick Tanguay, directeur du site. C’est un modèle d’affaires très autosuffisant qui nous a permis d’augmenter notre capacité de production.»
La croissance de l’industrie génère de nouveaux emplois. Que ce soit des experts en informatique, de la main-d’œuvre en maintenance et ingénierie ou sur la chaîne manufacturière.
«Je suis fier parce qu’à l’époque, l’industrie de centre de données était embryonnaire, note-t-il. Aujourd’hui, on développe une expertise régionale. On forme et développe des connaissances spécifiques.»
OVHcloud construit selon la demande. Comme la demande est en croissance, on voit l’avenir d’un bon œil à Beauharnois.
Le centre de données utilise une technologie innovante et verte pour refroidir les 80 000 serveurs installés à Beauharnois. (Photo – gracieuseté OVHcloud)
Le pouvoir de l’eau
En janvier 2012, Octave Klaba a vu le potentiel infini du site de Beauharnois. À proximité de la centrale hydroélectrique, avec une source d’eau puissante. Parce que l’eau est un élément capital ici. Refroidir un serveur pendant 10 heures nécessite l’équivalent d’un verre d’eau. Et en ce moment, on retrouve 80 000 serveurs sur place. Avec l’objectif d’en mettre 360 000 en service.
«On évalue entre 2 et 3 % de l’énergie mondiale qui est utilisée par les centres de données, révèle Guillaume Gilbert, chargé de communication chez OVHcloud. Nos engagements sont d’utiliser 100 % d’énergie renouvelable dans nos installations en 2025 et atteindre la carboneutralité en 2030. En ce moment, malgré le trafic Internet et l’explosion du volume de données, la courbe de l’utilisation énergétique est plate.»
Le nerf de la guerre dans ce domaine réside dans l’économie énergétique. L’indicateur d’efficience énergétique à Beauharnois se situe à 1,08. Ce qui signifie qu’il faut moins de 110 watts pour faire fonctionner un serveur de 100 watts.
Tous les serveurs sont stockés dans des conteneurs qui se retrouvent dans six des huit anciens halls de coulée de l’Alcan. Une série de tubulures fait circuler l’eau en boucles fermées pour refroidir les équipements. Si bien que la température est plutôt basse sur le site. Toujours en quête d’innovation, l’entreprise est en recherche et développement pour créer un refroidissement par immersion.
«On utilise 50 % moins d’énergie que les compétiteurs, assure M. Gilbert. C’est une guerre de refroidissement. Il faut dire que l’on œuvre dans une des industries les plus innovantes sur l’optimisation de l’empreinte écologique.»
OVH, qui signifie On vous héberge, a aussi fait le choix significatif de s’implanter dans des locaux abandonnés par une autre industrie. Vingt-cinq de leurs 30 centres ont revitalisé d’anciens sites industriels.