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Pas d’assurances pour des ruches anéanties
le mardi 16 juin 2020
Modifié à 11 h 29 min le 16 juin 2020

La cause reste noble et les abeilles et leurs ruches doivent être mieux protégées. Mais la manifestation organisée ce week-end à Saint-Stanislas-de-Kostka n’a pas eu l’effet escompté.
Mélanie Gingras, l’une des organisatrices de la manifestation était visiblement désappointée. « Je me dis que les gens ne sont pas sorteux. Et il y a une belle température. Peut-être que les gens avaient autre chose de prévu. Mais au moins on peut rencontrer les apiculteurs en personne et leur démontrer notre appui », mentionne la résidente d’Ormstown.
Les apiculteurs sont Joël Laberge et son fils Sébastien. Il y a quelques semaines, des agriculteurs, à proximité de leurs ruches, ont arrosé d’herbicide leurs champs en plein jour. Avec des vents de plus de 20 kilomètres à l’heure. Des milliers d’abeilles ont été tuées. « Depuis 60 ans la Miellerie est en activité. Et on a tout perdu en quinze minutes », signifie, dépité, Sébastien Laberge.
Le jeune homme qui représentait la relève dans l’entreprise familiale a tout perdu. « En abeilles et en matériel, ça me coûterait 250 000 $ pour repartir à neuf. Tous les cadres de mes ruches sont finis. J’aurais 340 ruches à refaire au complet. Je n’ai pas 250 000 $ de côté pour ça. J’ai dû me trouver un emploi dans un autre domaine et je vais réorienter ma carrière », dit celui qui se désole de voir que les avenues envisageables s’amenuisent.
Sébastien et Joël Laberge sont déçu de voir que les assurances qu’ils paient pourtant depuis des années ne veulent pas défrayer les coûts pour de nouvelles ruches et les abeilles tuées. (Yanick Michaud)[/caption]
Pas d’assurances qui veulent payer
Si les assurances que lui et son père ont payé chaque année pouvaient aider, la situation pourrait être viable. Mais aucune ne veut s’engager. « La Financière agricole ne veut pas payer pour des ruches polluées à l’herbicide. Si un ours, ou une crue des eaux ou une tornade avait brisé nos ruches, ils auraient payé. Mais pas là. Il n’y a pas d’assurance commerciale non plus qui veut payer. Le dernier recours sera possiblement un procès », explique Sébastien Laberge, lucide. Il confirme avoir vu quelqu’un arroser à 150 mètres des abeilles, vers 10 h 30 alors que les vents étaient de plus de 20 kilomètres à l’heure. « L’agriculteur a dit qu’il était désolé et qu’il ignorait que ça pourrait tuer nos abeilles. Mais nous, on devra recommencer à zéro », dit-il. Il explique qu’en apiculture tu ne peux pas avoir une mauvaise saison et te reprendre l’année suivante. « Tout est détruit », confirme celui qui ne peut associer son nom à la manifestation. « Il pourrait y avoir des procédures. Nous ne voulons pas que ça vienne changer des choses », conclut Sébastien, qui était malgré tout heureux de voir le soutien de quelques citoyens. [caption id="attachment_83811" align="alignnone" width="444"]