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Permis de travail fermé : une épine pour des travailleurs étrangers

le mardi 28 mai 2024
Modifié à
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Carlos Barahona Madrid, Daniel Morales, Juan Barahona Madrid, David Davalos ont dénoncé les façons de faire de l’entreprise Finex. (Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)

L’Eldorado recherché dans la région par certains travailleurs étrangers temporaires se termine parfois en queue de poisson en raison des dispositions reliées au permis de travail fermé accordé par le gouvernement canadien. 

Un permis de travail fermé lie le travailleur à un employeur et à un emploi spécifiques au Canada. Il décrit les conditions d'emploi, y compris le poste, le lieu et la durée du travail. L’employeur a aussi la responsabilité d’assurer le logement au candidat.

Pour certains travailleurs, un permis de travail fermé peut faciliter le voyage vers la résidence permanente au Canada. Par contre, lorsque l’employeur décide de mettre un terme à l’entente pour quelconque raison, le travailleur étranger se retrouve en situation de précarité, voire forcé de retourner dans son pays d’origine.

Au Club de recherche d’emploi (CRESO), une équipe d’une dizaine de conseillers en immigration vient en aide aux nouveaux arrivants.

L’un d’eux, Thomas Gauvin, mentionne que près d’une trentaine de cas problématiques ont été traités depuis septembre dernier. « On a eu le dossier de l’entreprise Finex (voir plus bas) qui a été rapporté dans les médias, et depuis ça a déboulé de manière plus intense. Mais ce ne sont pas tous les travailleurs affectés qui veulent porter plainte, par crainte de représailles. C’est parfois difficile de prouver qu’il y a des abus.»

Ce nombre d’employeurs délinquants rapportés au CRESO demeure néanmoins des «cas isolés», précise Luc Gauthier, directeur général de l’organisme. La plupart des entreprises de la région qui embauchent des travailleurs étrangers le font sans problème. 

Thomas Gauvin, conseil en immigration, et Luc Gauthier, directeur général du CRESO. (Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)

« Certains employeurs comme Groupe Meloche ou Valtech sont pratiquement autonomes, certains vont même faciliter les démarches d’employés pour qu’ils obtiennent leur résidence permanente », mentionne M. Gauthier.

D’autre part, le processus demeure à être peaufiné dans le secteur de la santé. Des infirmières de l’étranger embauchées par le CISSSMO ont aussi connu des problèmes en lien avec leur permis de travail fermé et se sont retrouvées sans travail, sans logement, parce qu’elles ne répondaient pas aux attentes de leur employeur. 
Certaines ont pu toutefois être réorientées vers une formation au programme offert par le Cégep de Valleyfield, note Thomas Gauvin. 

Le concept de permis de travail fermé en vigueur au Canada est d’ailleurs dénoncé par Amnistie Internationale, dont une enquête préliminaire fait état « d’exploitation et d’abus en matière de travail, tels que les heures non rémunérées et le vol de salaire par le biais de déductions injustes, les conditions de travail dangereuses et le manque d'équipement de protection pour effectuer leur travail, les heures de travail déraisonnables et excessives, la discrimination, les restrictions au droit de se syndiquer, les conditions de logement inadéquates», entre autres.

Le cas Finex

D’ailleurs plusieurs de ces éléments sont contenus dans les dossiers de quatre travailleurs, deux Mexicains et deux Honduriens, pour lesquels la CNESST réclame plus de 370 000 $ au manufacturier de fibrociment Finex, situé rue Saint-Louis à Salaberry-de-Valleyfield.

Ceux-ci prétendent qu’ils devaient travailler jusqu’à 80 heures par semaine, sept jours sur sept, sans aucun jour de congé, et qu’ils étaient payés autour de 10 $ de l’heure, un montant inférieur à ce qui leur avait été promis.

Immigration Canada et la Gendarmerie royale du Canada ont aussi ouvert des enquêtes dans ce dossier, alors que l’employeur nie tout en bloc.