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Raymond Desfossés, créateur de la Ray Desf Italia et criminel notoire, est mort

le dimanche 04 août 2024
Modifié à
Par Luc Gagné

Raymond Desfossés est décédé cette semaine. Il avait 74 ans. Cet homme d’affaires et vendeurs de voitures d’occasion de la région de Trois-Rivières avait lancé la Ray Desf Italia au début des années 90. Mais pour bien des gens, il était avant tout le « caïd de Trois-Rivières ».

Mise au point en 15 mois dans un atelier ultramoderne de Sainte-Marthe-du-Cap, municipalité amalgamée à Trois-Rivières en 2002, l’Italia était une décapotable à quatre places dont les formes rappelaient la Ferrari Testarossa produite entre 1984 et 1996. Sa carrosserie de forme extravagante habillait une humble plateforme « F » de GM (ou F-body), que se partageaient les Chevrolet Camaro et Pontiac Firebird de troisième génération.

Débuts au Stade olympique

La marque Ray Desf (abréviation de Raymond Desfossés) a montré l’Italia au grand publié pour la première fois au Salon de l’auto de Montréal, en janvier 1990. Deux voitures, une blanche et une rouge, trônaient majestueusement sur un grand kiosque du Stade olympique, à quelques pas de ceux de Lamborghini, Maserati et Rolls-Royce. Une proximité justifiée, puisque cette décapotable affichait un prix de base de 115 000 $ jugé mirobolant. Pour certains, cela ressemblait à une aubaine puisqu’à l’époque, une Testarossa coûtait plus du double.

Un article publié en janvier 1990 par Le Nouvelliste nous apprend que les deux Ray Desf ont séduit quelques acheteurs, notamment un producteur de films de Nassau qui affirmait vouloir employer la sienne dans un film consacré au roi Farouk d’Égypte. Un film qu’on n’a jamais vu. Un mois plus tard, ces décapotables ont fait sourciller les visiteurs du Salon de Toronto et, là aussi, elles auraient convaincu quelques automobilistes bien nantis.

Raymond Desfossés était bien connu dans la région trifluvienne. Celui que Le Nouvelliste qualifie de « féru de performance » était propriétaire de Carrosserie Mauricie, un atelier de réparation de Sainte-Marthe-du-Cap, de même que d’une entreprise de ventes de véhicules d’occasion, Automobiles SND, spécialisé dans les voitures de luxe. Déjà à cette époque, Desfossés avait eu maille à partir avec la justice. L’avènement de l’Italia semble toutefois avoir occulté cela puisqu’une nouvelle présence de ces décapotables au salon montréalais, l’année suivante, a de nouveau alimenté la presse québécoise.

Présentation de la Ray Desf I

Qualifiée de voiture de « seconde génération », l’Italia 1991 paraissaient un peu plus aboutie. D’ailleurs, le plan d’affaires de Ray Desf International (appellation qui a remplacé Ray Desf Production) présente cette voiture comme la Ray Desf I.

Toujours basé sur le modèle F de GM, elle était animée par le V8 L98 de 5,7 L figurant parmi les options des Camaro Z28 et Firebird Formula, Trans Am et GTA; un moteur vitaminé par SLP Engineering de Montréal, qui faisait passer sa puissance de 235 à 300 ch (en 1990, on évoquait 350 ch).

Cette décapotable avait des freins à disque ventilé de 12 po aux quatre roues et sa suspension était surbaissée. Elle avait toujours une carrosserie en fibre de verre et un habitacle luxueux avec sellerie de cuir et garnitures d’acajou. Cependant, le modèle présenté en 1991 avait un caractère inédit à cause du téléphone cellulaire de série encastré au centre du volant.

En 1991, le constructeur avait pour objectif de produire 25 Italia, d’après un communiqué daté du 3 février 1991, mais on ignore combien de voitures ont finalement vu le jour.

De constructeur à caïd

En 1992, Ray Desf figurait de nouveau au programme du Salon de Montréal, mais le souvenir de sa présence au Stade olympique s’est évanoui. L’Italia y était-elle vraiment ? Par contre, l’arrestation de Raymond Desfossés, survenue le 25 mars 1992, tout le monde s’en souvient.

Recherché par la police de la Floride pour une affaire de meurtre, de tentative de meurtre, de vol à main armée et de conspiration pour faire le trafic de narcotiques, Raymond Desfossés a été appréhendé par des policiers de la GRC alors qu’il roulait sur l’autoroute 40, près de Louiseville.

Incarcéré dès son arrestation, ce n’est qu’en septembre 1997 que celui qu’on décrivait désormais comme bras droit de l'ex-chef du gang de l'Ouest, Alan Ross, fut extradé aux États-Unis pour être accusé, notamment, de meurtre et de tentative de meurtre.

Après une incarcération en Floride, suivi d’un transfert dans un pénitencier canadien, à l’hiver 2000, il obtient une libération conditionnelle. Puis, en septembre 2004, il est arrêté de nouveau, cette fois pour importation de cocaïne. Il sera incarcéré jusqu’en 2017, puis il obtiendra une libération conditionnelle.

L’histoire de l’Italia a donc pris fin aussi rapidement qu’elle a commencé. Ce projet aurait coûté 6 millions de dollars à Raymond Desfossés selon « C44 ». C’est le nom de code du délateur du « caïd de Trois-Rivières ». On peut l’entendre raconter l’histoire spectaculaire de ce gangster qui a voulu devenir fabricant d’autos de haute performance dans une entrevue réalisée par Alexis Samson et Valérie St-Jean pour l’émission Alexis Le Matin du 1er mars 2024, diffusée sur les ondes de FM 106,9 Mauricie.

Photos : Archives Luc Gagné

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