François Leduc qui se bat contre la lourde bureaucratie de Service Canada pour obtenir les services de quatre employés mexicains pour son entreprise de paysagement, doit aussi lutter pour sa vie.
L’entrepreneur a appris froidement par son médecin, qu’il souffrait de la sclérose latérale amyotrophique. La SLA. La maladie de Lou Gehrig. Peu importe le nom donné, cette maladie est dégénérative et mortelle. « Quand je l’ai appris de mon médecin, j’avais fait des recherches sur Internet. Je souffrais. J’avais mal au dos, de la difficulté à marcher. Il m’a fait passer des tests, IRM, EMG et le reste. Puis il me dit, vous avez la SLA. Je lui réponds, docteur vous êtes en train de me dire qu’il me reste deux ans à vivre. J’avais lu sur la maladie, je m’étais informé. Je n’ai pas aimé sa froideur », a dit François Leduc, qui depuis, multiplie les démarches pour tenter d’être sauvé.
Médicament dispendieux
Il devait maintenant apprendre à sa conjointe, ses proches, qu’il allait mourir. « Je ne pouvais leur dire directement. Je l’ai écrit. Chérie, il me reste deux ans à vivre », lance, ému, celui qui compte des membres de sa famille ayant souffert de la même maladie.
Sa femme l’aide à trouver un médecin. « J’ai réussi à avoir un rendez-vous dans un bon hôpital. L’hôpital neurologique de Montréal. Un bon neurologue m’a pris en main. Il a confirmé ma maladie, mais il m’a inscrit sur une liste pour recevoir un médicament. J’étais heureux. Le médicament a été approuvé par Santé Canada. Mais voilà que même s’il est approuvé, le gouvernement ne veut pas payer », ajoute celui qui se dit une fois de plus victime du système. « On me condamne. Une condamnation à mort. Le gouvernement signe mon arrêt de mort en refusant de défrayer les coûts. Pourtant, je n’ai commis aucun crime qui le justifie », déplore-t-il.
C’est le 4 octobre que Santé Canada a approuvé le
Radicava (édaravone) pour traiter la SLA. Toutefois, son prix est si élevé que le gouvernement ne désire en défrayer les coûts. « Ça pourrait me permettre de conserver ma qualité de vie. De moins souffrir, de ralentir le processus. Mais puisqu’ultimement, ça ne sauve pas la vie, ils refusent de payer », prétend François Leduc, découragé.
Une nouvelle lutte féroce
Il déambule maintenant affublé d’orthèses et à l’aide d’une canne. Il refuse toutefois de baisser les bras et dit vouloir aller le plus loin possible. « Je me sens faiblir tous les jours. Je me vois mourir tranquillement chaque jour et je sens qu’on ne veut rien faire pour moi. C’est peut-être le dernier combat que je vais livrer, mais je vais le faire pour moi et les autres qui attendent ce médicament. On ne traite même pas les criminels de cette manière au Canada. Je suis condamné à mort, dans mon aile de prison », affirme celui qui supplie le gouvernement de mieux faire.
« En cette année électorale, je demande l’engagement des politiciens. Ceux qui sont au pouvoir. Je ne veux pas d’argent, je veux un appui. Je veux faire changer les choses. Sinon, je vais placarder les bureaux de vote avec ma lettre de condamnation. Ils devront bouger, même si moi je le peux de moins en moins », conclut-il.