C’est le 28 avril prochain que la juge Marie-Chantal Doucet fera connaître sa décision dans la cause de Réjean Lemieux un ex-agent des services correctionnels et professeur de Taekwondo, accusé d’attentat à la pudeur, de grossière indécence et d’agression sexuelle.

Le procès de Réjean Lemieux s’est déroulé du 16 au 20 mars au palais de justice de Valleyfield. La juge Marie-Chantal Doucet a entendu six témoignages, soit cinq en défense ainsi que celui de la présumée victime.

Les faits reprochés à l’ancien propriétaire du Centre de Taekwondo de Châteauguay se sont déroulés il y a près de 40 ans. À l’époque, Lemieux était âgé de 18 ans et il aurait abusé un adolescent en sept à 10 occasions.

La victime présumée est aujourd’hui âgée dans la cinquantaine. «À l’époque, je vivais de l’intimidation, dit l’homme au tribunal. Comme Réjean Lemieux était professeur d’arts martiaux, il m’avait pris sous son aile pour me protéger. Il a commencé par me faire des cadeaux et à dire aux gens que nous étions des frères. Par la suite, les agressions ont commencé.»

Dans son témoignage, qui a duré près de quatre heures, la présumée victime a prétendu que le Modus operandi de l’accusé était toujours le même. «Il me demandait de lui faire un massage et ça terminait tout le temps que nous étions nus. Parfois il se masturbait sur mes fesses et d’autres fois, il me sodomisait», informe-t-il.

La victime alléguée insiste sur le fait qu’à une occasion, il a surpris Réjean Lemieux nu sur le sol avec un autre élève de son école de Taekwondo. «Je m’en souviens très bien. Il m’a alors regardé et il a dit : Regarde, nos pénis ne sont pas de la même couleur.»

Cet élève est venu témoigner pendant le procès pour la défense qui est assurée par Me Martin Pilotte. L’homme a informé la juge Doucet qu’en aucun temps, Réjean Lemieux n’avait eu de geste déplacé à son endroit. «Une seule fois, alors que nous étions nus et sur le point d’aller dans la douche, il a voulu se chamailler, mais cela a créé un malaise, raconte le témoin. À part cet incident, il n’a jamais rien eu. J’avoue que j’ai déjà demandé à M. Lemieux s’il était homosexuel et il m’a dit non.»  

La dame qui partageait la vie de Réjean Lemieux de 1982 à 1986 est aussi venue à la défense de son ancien mari, même si elle avoue ne pas avoir eu de nouvelles de celui-ci depuis les 30 dernières années. Elle a avisé le tribunal que son ancien époux n’avait pas de contact avec la victime à cette époque.

Même son de cloche  pour la conjointe actuelle de Réjean Lemieux. Cependant, le procureur pour le Directeur des poursuites criminelles et pénales, Pierre-Olivier Gagnon, a fait valoir plusieurs contradictions entre la déclaration faite par la dame en 2014 et le témoignage qu’elle a livré devant la cour. «Vous dites que vous avez parlé à la présumée victime à deux ou trois reprises dans votre déclaration et vous dites devant la juge que vous lui avez parlé seulement une fois», lance Me Gagnon lors du contre-interrogatoire.

Pour ce qui est de Réjean Lemieux, il nie en bloc les accusations. Il a pris sa retraite comme agent de service correctionnel dans un établissement carcéral pour femmes un an après avoir été suspendu de ses fonctions en raison des présentes accusations. Il assure que sa relation avec la victime en était une de grand frère uniquement.