La boutique Marché en vrac à Beauharnois fermera ses portes le 1er novembre après 4 années à servir sa clientèle. Les propriétaires Carole Leblanc et Marie-Pier Béland en ont fait l’annonce sur la page Facebook de l’entreprise le 20 octobre.

«Nous sommes parties de rien, mais avec une vision, un rêve et beaucoup d’amour pour notre communauté. Nous avons travaillé fort sans relâche, jour après jour, pour bâtir un commerce à notre image: simple, humain et écoresponsable. Mais la réalité financière d’aujourd’hui, combinée aux travaux de la rue, rend la poursuite de l’entreprise trop difficile», peut-on y lire.

La copropriétaire et maman de Mme Béland, Carole Leblanc, insiste. La fin de l’aventure n’est pas attribuable aux travaux en cours sur la rue Ellice. La position de l’entreprise était déjà fragile. «On avait de la difficulté à tenir notre commerce à flot. Cette année, on a perdu presque 35 000 $ de vente», avoue-t-elle.

Le fonds de roulement de l’entreprise était insuffisant à un point tel que les propriétaires garnissaient les tablettes de la boutique qu’une fois les factures payées. L’endettement ne représentait pas une option pour la mère et la fille.

Une baisse de la clientèle s’en est suivie, à défaut de trouver les produits désirés. «Quand ça fait trois fois que tu viens, tu vas aller ailleurs. Les commandes de vrac coûtent vraiment cher. On avait décidé de ne plus avoir certains produits. On voulait que ça soit accessible pour les gens», précise Mme Leblanc. Elle met l’accent également sur le choix des consommateurs de s’approvisionner dans des magasins où l’achat de produits fait moins mal au portefeuille. Pour soutenir la boutique de vrac, les entrepreneures ont initié un coin café. 

Mme Leblanc parle également «de mauvaises décisions d’entrepreneures». L’une d’elles : demander au propriétaire de la bâtisse de baisser le coût du loyer du local. Le prix a été revu à la baisse, mais la demande des entrepreneures a trop tardé.

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L’enseigne de cette entreprise ne sera plus, le 1er novembre. (Photo : Le Soleil – Marie-Josée Bétournay)

Une fin durant les travaux

La vie de Marché en vrac prendra fin durant les travaux de réfection de la rue Ellice. Lors de la visite du journal, le 21 octobre, Mme Leblanc attendait que la Ville lui fournisse à nouveau l’eau potable. «Ils ont coupé l’eau parce qu’ils veulent me brancher sur l’entrée d’eau temporaire le temps des travaux. Ça va prendre 5 minutes. Il faut que je ferme mes machines à café sinon elles vont briser. Elles vont forcer pour avoir de l’eau», mentionne-t-elle. L’interruption de l’eau n’était pas une première. Il y a deux semaines, Carole Leblanc a compté quatre heures avant que le liquide ne se rende à nouveau jusqu’à ses machines à café.

Les travaux sont nécessaires pour l’entrepreneure. Elle souhaite que la Ville de Beauharnois soutienne les commerçants bien établis. «On s’en va, mais d’autres restent. C’est des années de travail. C’est beau d’avoir un beau centre-ville, mais si tu n’as plus de magasins, ce n’est pas mieux», précise-t-elle.

Mme Leblanc n’a que de bons mots pour sa fidèle clientèle qui ont contribué son quotidien agréable. «On était comme une famille, une communauté», conclut-elle. Quelques minutes plus tôt, le conjoint de Mme Leblanc s’apprêtait à déposer dans un vase un bouquet de fleurs reçu d’une cliente, en guise de remerciement pour les années de service.

Marché en vrac n’est pas la première boutique de ce secteur d’activité à se retirer. La boutique physique de l’entreprise Marché du château à Châteauguay a annoncé sa fermeture le 19 juin 2023. Le Garde Manger Bio à Salaberry-de-Valleyfield a fait de même le 25 septembre de la même année. La liste s’allonge. Des boutiques de Boucherville et d’autres villes de la Rive-Sud n’ont pas été épargnées au cours des dernières années.