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Une journée de patrouille avec ceux qui lui ont sauvé la vie

le samedi 18 février 2023
Modifié à 15 h 56 min le 17 février 2023
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Charles Therrien-Thénière. (Photo Gracieuseté)

Le 29 novembre 2021, les policiers Étienne Séguin et Gabriel Roy-Lacouture tentaient de réanimer Charles Therrien-Thénière, 19 ans, à la suite d’un arrêt cardiaque en plein match de hockey. Un peu plus d’un an plus tard, les trois hommes étaient réunis dans un contexte bien plus détendu, alors que Charles a fait une journée de patrouille avec ses anges gardiens.

Samedi matin, 28 janvier, 7h. Après un rassemblement matinal, les policiers montent dans leur véhicule comme à l’habitude, à une exception près : un visage familier sourit sur la banquette arrière. 

L’agent Roy-Lacouture se retourne et lance à Charles : «Il y a quelques mois, t’étais mort et là, aujourd’hui, on se parle, on rigole, on a du fun. C’est vraiment très très spécial comme situation!»

Le stagiaire d’un jour a pu s’immerger dans le quotidien des policiers du Service de police de l’agglomération de Longueuil, de la réponse aux appels à la visite de la détention. Il a également pu voir le service d’identité judiciaire à l’œuvre pour un cas en particulier.

L’agent Gabriel Roy-Lacouture, Charles Therrien-Thénière et l’agent Étienne Séguin ont passé un bon moment ensemble. (Photo : Gracieuseté)

 

À l’issue d’une journée relativement tranquille pour les patrouilleurs, les trois hommes ont visiblement apprécié l’expérience, en particulier le plus jeune d’entre eux.

«J’ai vraiment trippé! Ils sont quand même assez jeunes comme policiers, alors la communication était fluide, je me sentais vraiment à ma place», témoigne Charles. 

«Il nous a dit : c’est pas mal plus intéressant qu’une journée au cégep!» relate pour sa part l’agent Roy-Lacouture.

«Mon pire appel» 

Les patrouilleurs ont d’ailleurs profité de cette journée afin de vivre une rare rétroaction à la suite d’une intervention.

«C’est pas un manque de volonté, mais quand on intervient, par exemple, on peut amener la personne à l’hôpital, elle est prise en charge par le personnel hospitalier, et nous, on passe à un autre appel. La plupart du temps, on n’a pas de nouvelles de ce qui en suit», souligne l’agent Séguin.

«Moi, quand j’arrive à la maison et ma blonde me demande : pis, tes appels aujourd’hui? Et pour vrai, je ne m’en souviens pas. Notre cerveau finit par être conditionné. Tu finis ton appel, t’appuies sur le bouton pour fermer la carte d’appel et tu passes au prochain», ajoute l’agent Roy-Lacouture.

À quelques exceptions près, précisent toutefois les patrouilleurs. Et l’arrêt cardiaque de Charles en fait partie.
Si l’histoire s’est terminée sur une note positive, l’agent Séguin n’hésite pas à citer cet événement comme l’un des plus éprouvants qu’il a vécus.

«Les gens nous demandent souvent quel a été notre pire appel. J’en ai eu des dégueulasses, mais celui-là, je le sors parfois comme étant mon pire appel. Ce n’était pas violent, mais je trouvais que, émotionnellement, comme c’était un jeune de 19 ans qui faisait du sport, c’était éprouvant», évoque-t-il.

Charles a découvert tous les aspects du métier de policier. Sa condition l'empêcherait toutefois d'effectuer ce métier à temps plein. (Photo Gracieuseté)

 

Maladie rare

Après avoir subi de nombreux tests à l’Institut de cardiologie de Montréal, le jeune homme connaît maintenant la cause de son arrêt cardiaque.

Il est atteint d’une maladie génétique rare, qui affecte environ 800 personnes au Canada.

«C’est un problème électrique dans le ventricule droit qui crée beaucoup d’arythmie», explique Charles.

S’il indique ne plus trop penser à l’événement du 29 novembre 2021, – «j’en ai assez avec l’école», souligne-t-il en riant – Charles doit tout de même vivre avec les conséquences de sa maladie. 

Ainsi, il est obligé d’éviter certains aliments et de ne peut plus faire de sport ou autres activités demandant de l’endurance. De plus, l’étudiant prend des pilules pour contrôler les effets de sa maladie et vit avec un défibrillateur interne.

«On lui a fait visiter la détention et quand je lui ai montré le détecteur de métal, il a fait un pas de côté et m’a dit : approche-toi pas, ça peut faire une défaillance à la pile du défibrillateur», raconte l’agent Roy-Lacouture.

Mais Charles ne se plaint pas de son sort. Tout au long de l’entretien, c’est la bonne humeur qui règne pour celui dont la vie lui a offert une deuxième chance. 

«Honnêtement, je suis pas mal passé à autre chose», assure-t-il.