Une journée pour dire non aux mesures de contrôle en santé mentale
Un rassemblement symbolique s’est déroulé dimanche après-midi devant l'Hôpital du Suroît afin de souligner la Journée nationale : Non aux mesures de contrôle. L'objectif de cette manifestation était de clamer l’urgence d’abolir les pratiques auprès de patients en santé mentale que sont l’isolement, la contention et le recours aux substances chimiques.
Cette journée du 15 mai a été désignée en mémoire de la victoire obtenue en Cour d'appel du Québec le 15 mai 2015 dans un recours collectif intenté 10 ans plus tôt par une patiente de l'Hôpital, Lise Brouard. Ce recours a mené à une entente hors cour dans laquelle l'établissement a du verser 600 000 $ aux victimes de mesures de contention et d'isolement abusives imposées entre le 11 juin 2005 et le 11 juin 2008.
Mme Brouard avait été victime de ces mesures abusives à 8 reprises entre le 6 juillet 2005 et le 21 octobre 2006 (elle soutenait avoir été attachée à son lit pendant une période de près de 12 heures).
Malgré tout, sept ans plus tard, l’Association des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) et le Collectif de défense des droits de la Montérégie (CDDM), se mobilisent car la situation n'a guère évolué, selon eux.
Encore aujourd'hui, être placé en isolement pendant plusieurs jours, attaché plusieurs heures consécutives ou se voir injecter de multiples substances chimiques sont les réalités vécues par de nombreuses personnes hospitalisées en psychiatrie. L’utilisation des mesures de contrôle a des effets néfastes graves sur la santé physique et psychologique des personnes, ainsi que des répercussions sociales.
« Les orientations du ministère de la Santé et des Services sociaux pour l’application des mesures de contrôle ont maintenant 20 ans, et nous n’observons pas de diminution du recours à ces pratiques discutables dans les établissements psychiatriques et autres institutions de santé au Québec, affirme la directrice générale de l’AGIDD-SMQ, Doris Provencher. Bien au contraire ! L’isolement et la contention sont en progression. Il faut agir et faire changer les pratiques institutionnelles, car elles touchent un nombre de plus en plus élevé de personnes. »
Cette mobilisation était surtout l’occasion de souligner l’existence d’alternatives plus humaines et plus respectueuses des personnes vivant un problème de santé mentale, et aussi de témoigner qu’elles ont déjà largement fait leurs preuves dans certains établissements québécois et ailleurs dans le monde.