Jonathan Martel est un entrepreneur qui a lancé la marque VNation il y a un peu plus de 7 ans.   

Son entreprise, établie aux Cèdres, fabrique des vêtements pour les sportifs et prend de plus en plus d’ampleur. Toutefois, comme le reste de la population mondiale, il s’est mis sur la touche quelques jours pour affronter la crise sanitaire sans précédent. D’autant qu’il revenait d’un tournoi de hockey disputé en Europe au moment où le Québec s’est mis sur pause. Il était en confinement obligé.

Attraper la balle au bond

Puis il y a quelques semaines, il a rencontré Madeleine Turgeon. L’artiste de Vaudreuil-Soulanges a mis sur pied les Anges masqués. Elle a rassemblé spontanément une trentaine de couturières qui ont confectionné des milliers de masques pour aider. « Elle est venue nous voir et dès qu’elle est entrée, j’ai vu qu’elle était là pour aider. Elle nous a montré ce qu’elle faisait. Après les premières secondes, je savais que je devais embarquer », lance Jonathan Martel qui a redoublé d’ardeur pour trouver des solutions aux obstacles qui se dressaient.

« En fait, ça adonnait avec le retour éventuel des travailleurs de la construction. J’ai des amis et un cousin qui travaillent dans le domaine. Je voulais les protéger. J’ai utilisé le patron de Madeleine et nous avons commencé à coudre des masques pour eux. Et ça a explosé. C’est devenu gros. En quelques jours on en a mille à faire. Il y a de grosses entreprises qui nous ont joints. Nous voulons en produire de plus grandes quantités, mais nous sommes limités. L’enjeu est de sortir le plus vite possible. Sauf que j’utilise le tissu que j’avais déjà en réserve pour des vêtements de sports. Et que les entreprises qui fournissent le matériel sont fermées et ne tissent plus. C’est un autre problème », dit l’entrepreneur qui est toujours en mode solution.

VNation masques construction
VNation espère pouvoir répondre à la demande et faire en sorte que les gens reçoivent leurs masques quand ils en ont réellement besoin. (Photo Journal Saint-François – Courtoisie VNation)

Autre épine dans le pied, certaines de ses couturières travaillent à distance. Dans la Vieille capitale par exemple. C’est plus difficile en ce qui concerne la manutention.

Se débrouiller et devenir la norme

Ce qui fait que Jonathan Martel travaille constamment, parfois de nuit pour livrer les commandes. « On va en venir à bout. Mais les commandes abondent. »

Jo Martel VNation masques
Jonathan Martel et son équipe réduite œuvrent à créer des masques de protection avec des tissus de sport sublimés, donc personnalisables. (Photo Journal Saint-François – Courtoisie VNation)

Puisque ses masques sont sublimés, ce qui veut dire qu’il imprime directement sur le tissu, ses masques sont personnalisables. « La Sûreté du Québec qui arrive avec un masque “brandé” à leurs couleurs, ça impose. Ça ajoute au sérieux. Prenez par exemple les étudiants. S’ils doivent retourner sur les bancs d’école, ce serait moins traumatisant d’en porter un avec des couleurs adaptées qu’un autre qui rappelle cette pandémie », édicte-t-il.

En ce sens, avec les récentes nouvelles des élus et de la santé publique, le masque pourrait devenir la norme en société. « Ce sera alors de répondre à la demande. Il faudrait que j’aie beaucoup plus de couturières », lance Jonathan Martel.

Le Vaudreuillois veut toutefois spécifier qu’il ne crée pas ses masques pour tirer profit de la situation. « Je ne suis pas un opportuniste. On le fait pour aider, même si ce n’est pas du N-95. Alors, nous vendons au prix de l’inventaire. Au prix coûtant de mes tissus déjà en inventaire. Je ne fais pas de profit. Même si je dois continuer à payer tout ce qui vient avec une entreprise, dont l’énorme local dans lequel je suis installé », évoque le jeune homme.

Toutefois, il entrevoit l’avenir plus souriant pour les commerçants québécois. « Ça va ouvrir la porte pour la suite. Les gens vont penser local. Ça va devenir normal d’acheter Québécois. En tout cas, j’espère que les gens vont réaliser l’importance de le faire. Même moi, qui baigne dans le domaine à longueur de vie, je découvre des entreprises québécoises. Et c’est super. Ça montre la solidarité. Après tout, on tirera quelque chose de positif de cette crise », conclut-il.