Un vaste mouvement s’est mis en branle au pays visant à rappeler au gouvernement fédéral son obligation de garantir des soins de santé aux migrants en attente d’un statut de réfugié ou d’immigrant. Ce mouvement trouvera écho à Salaberry-de-Valleyfield le mardi 12 février.

Il découle d’une décision rendue en juillet dernier par le Comité des droits de l’homme de l’ONU, dans laquelle celui-ci a condamné le Canada pour avoir refusé l’accès aux soins de santé à une résidente de Toronto originaire de la Grenade, Nell Toussaint.

Celle-ci était née en 1969 puis était arrivée au pays en 1999. Elle a travaillé, payé ses impôts et autres retenues à la source jusqu’à ce que, en 2005, son employeur l’incite à obtenir son statut de résidente permanente. Bien que son état de santé se soit aggravé en 2006, elle n’a pu avoir accès à des soins de santé via le Programme fédéral de santé intérimaire, expliquent Louis-Philippe Boucher et Arnold Aberman, membres du collectif Soignons la justice sociale. «Les complications reliées à son diabète ont entraîné une embolie pulmonaire, elle a affecté sa vision et elle a dû se faire amputer un pied», raconte, M. Aberman.

L’ONU a été saisie de cette situation et elle accordé un délai de 180 jours au gouvernement d’Ottawa, soit jusqu’au 9 février, pour amorcer une révision de sa législation et s’assure que les migrants en situation irrégulière aient accès aux soins de santé. En réaction, une lettre signée par plus de 1500 personnes et 80 organisations a aussi été adressée au gouvernement en appui à cette mesure.

Travailleurs agricoles

La manifestation prévue à Salaberry-de-Valleyfield se déroulera de 12h à 13h le 12 février devant les bureaux de Services Canada, rue Maden.

Michel Pilon, coordonnateur juridique du Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec, rappelle que 95% des irréguliers entrent au pays via le chemin Roxham, à Hemmingford.

Environ 1500 travailleurs migrants occupent des emplois dans le territoire du Suroît, dont plusieurs en agriculture. (Photo depositphoto)

Ils peuvent devoir faire face à des délais pouvant aller entre 2 et 5 ans avant que leur statut soit normalisé par les autorités d’Immigration Canada. Plusieurs se trouvent des emplois dans des entreprises agricoles ou autres de la région, certains payés au noir.

Selon M. Pilon, environ 1500 travailleurs étrangers occupent un emploi dans le Suroît; souvent des travailleurs agricoles provenant du Mexique, du Honduras ou du Guatemala. Dans le secteur de Saint-Rémi, ils sont jusqu’à 4700. «Certains sont reconnus par la Régie de l’assurance-maladie, mais encore faut-il qu’ils aient accès aux services, ce qui n’est pas toujours évident car ils n’ont pas toujours les moyens de se déplacer. Certaines femmes enceintes n’ont même pas droit à un médecin pour assurer un suivi.», dit-il.

Au pays, on estime à 1 million, le nombre de migrants n’ayant pas accès aux soins de santé, dont le quart résident dans la région de Montréal.