Culture

Sur les traces de Mary Riley

Il y a 8 heures
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Un panneau de rue de la Mary Riley Road qui longe la frontière aux États-Unis près de Dundee. (PHOTO Nathalie Boisvert et George Krump)

Lorsque Nathalie Boisvert a déménagé à Dundee pendant la pandémie, elle a commencé à arpenter les rues. Alors qu'elle marchait le long de Ridge Road, un voisin lui a raconté qu'en travaillant dans son jardin, il avait trouvé plusieurs bouteilles cassées datant d'il y a très longtemps. Il a également mentionné que sur son terrain, plus loin à la frontière, se trouvaient peut-être encore les vestiges d'un magasin général ayant appartenu à une certaine Mary Riley. Ce magasin général, « un magasin de proximité », aurait été une source connue de contrebande.

Par Nathalie Boisvert et George Krump (Tiré du journal The Gleaner)

La curiosité de Boisvert fut immédiatement piquée, et plus encore lorsqu'elle apprit l'existence d'une Mary Riley Road longeant la frontière du côté américain. Après une première recherche, elle tomba sur un article sur la contrebande de whisky dans la région de Dundee dans le numéro du 21 avril 1921 du New York Herald Magazine. L'article présentait Mary Riley comme une sorte de « déesse triomphante désormais passée à l'histoire ». On y parlait de meurtre, d'une maison qui explose et de ruines. Comment résister à une telle histoire ?

Après une rencontre avec le Comité historique de Dundee, Boisvert découvrit que cette femme avait bel et bien existé et qu'elle avait bel et bien tenu un magasin général à Dundee entre 1875 et 1890 environ. Pour approfondir le mystère, un autre voisin plus âgé lui assura avoir souvent entendu le nom de Mary Riley et que des tunnels liés à la contrebande avaient été creusés sous la frontière. Des recherches plus poussées révélèrent que les femmes étaient connues pour leur forte implication dans la contrebande dans la région et chez nos voisins du sud. Il y avait même eu une petite armée de contrebandières, toutes surnommées « Ma », dans les Adirondacks. Elles étaient également connues pour produire de l'alcool de contrebande.

Vérité ou légende, peu importe. Boisvert est une dramaturge pour qui la réalité est le point de départ pour donner vie à ses personnages, et elle a trouvé un sujet magnifique et inspirant, avec ses défis et ses apparents anachronismes.

Elle a fait appel à un collaborateur, George Krump, rencontré il y a longtemps à l'école d'art dramatique et qui vit aujourd'hui à Huntingdon. Ensemble, ils mènent des recherches et développent le projet. Tout ce que ces deux créateurs ne parviennent pas à documenter, ils l'inventent ou le fabriquent, par écrit et montages photo. Il s'agit bien d'un projet artistique.

Qu'elle s'appelle Mary Riley, Reilly ou O'Reilly, cette femme aux multiples visages a laissé quelques traces à Dundee, ainsi qu'à Minneapolis, à l'ouest, sur ce même 45e parallèle. Femme d'affaires ou criminelle, elle a certainement laissé suffisamment d'empreintes dans son époque pour nous laisser quelques mythes et légendes.

Le fruit de leur travail de recherche et de création sera présenté du 4 mai au 1er juin à la salle Alfred-Langevin (10, rue King, Huntingdon), les fins de semaine de 13 h à 16 h. Le vernissage aura lieu le 4 mai à 14 h.

En attendant, ils lancent un appel au public pour recueillir des récits, des anecdotes ou des photos en lien avec Mary Riley, la contrebande et la vie près de la frontière à la fin du XIXe siècle. Vous pouvez leur écrire à projet.maryriley.project@gmail.com en français ou en anglais, anonymement ou non.