Des citoyens de Les Coteaux sont désespérés depuis que leur voisin a obtenu un permis de la Ville lui permettant de bloquer le seul accès à leur propriété.

«Il y a une servitude de passage enregistrée depuis 1955, elle est même inscrite au registre foncier du Québec dès 1974, mais notre voisin a obtenu un permis pour ériger une clôture même si nous sommes maintenant enclavés entre cette obstruction, un ruisseau qui borde l’autre côté et un terrain provincial devant», explique celle qui a acheté la maison en 2023.

«L’ancienne propriétaire était là avant le voisin, alors elle n’a pas eu de problème et c’était un droit acquis, mais dès notre arrivée, le voisin a décidé de vouloir bloquer», plaide la femme qui ne veut plus rester chez elle. Ses enfants et elle demeurent ailleurs, alors que son conjoint monte la garde devant un voisin qui filme leurs faits et gestes grâce à des caméras installées sur sa propriété, mais qui pointent vers leur domicile.

La Ville s’en lave les mains

«La Ville savait qu’il s’agissait de notre unique accès. Elle avait déjà surveillé les blocages causés par la neige en hiver. Pourtant elle a délivré un permis pour le couper définitivement. L’accès quotidien en voiture et même à pied est désormais impossible. Lorsque j’ai demandé où je devais stationner ma voiture, les fonctionnaires m’ont conseillé de me garer illégalement sur un terrain du MTQ. Ce n’est plus un simple conflit privé; c’est de la négligence municipale, une atteinte à la sécurité publique et une jeune famille prise en otage», dévoile la dame qui désire conserver l’anonymat de peur de représailles.

Or, la Ville marche sur des œufs après coup. Le maire Sylvain Brazeau indique vouloir être prudent. «Je ne peux pas prendre un côté ou l’autre. L’ancienne directrice générale qui est maintenant partie avait mis beaucoup de temps sur ce dossier. J’avais demandé de faire tout ce que nous pouvions pour les aider, mais c’est une chicane de voisins», indique-t-il.

Quant à la nouvelle directrice général, Sandra Boulanger, qui agit par intérim, elle a été laconique dans sa réponse au Journal Saint-François. «C’est un conflit de nature de droit civil», s’est bornée à répondre la dame sans vouloir expliquer pourquoi la Ville avait émis un permis de clôture.

Un appel à l’aide

En attente de réponses du MTQ depuis un an, les citoyens sont désespérés et regrettent cet achat. «Tout le monde semble se lancer la balle. Notre conseillère municipale ne répond pas, le MTQ nous parle de délais de huit mois chaque fois que nous réussissons à parler à quelqu’un. Nous avons tenté de la médiation, mais ça n’a pas bien été», insiste pour expliquer la dame qui a vu le voisin ajouter un tracteur, un tas de gravier, des voitures et des trous en plus de la clôture pour empêcher leur propre voiture de se rendre dans l’entrée de leur maison.

«Comment les municipalités peuvent-elles passer outre des servitudes enregistrées et protégées par le Code civil? Les Villes devraient être tenues responsables de leurs propres règlements», se questionne la propriétaire qui est enclavée et qui a vu le service incendie changer d’avis à quelques reprises dans leur dossier. «Le service d’incendie exigeait d’abord un dégagement de 18 pieds et menaçait d’amendes quotidiennes (le voisin) en cas de non-conformité, mais plus tard, sans explication, il a jugé qu’un accès nul était « adéquat », sans confirmer la conformité aux normes du RBQ», conclut-elle.